L’équipe de France féminine de softball a réalisé un parcours remarquable lors du Championnat d’Europe 2024 qui s’est tenu à Utrecht, aux Pays-Bas, du 1er au 7 septembre. Cette compétition, a réuni 22 équipes nationales réparties en six groupes. Reprenons le fil.
Phase de Groupes
Les Bleues ont été placées dans le Groupe A aux côtés du Danemark et de la Suisse. Elles ont débuté la compétition avec une série de victoires convaincantes, se qualifiant ainsi pour la phase suivante avec un solide bilan : 19 points marqués pour un seul concédé.
Le versement de nos Tricolores dans le groupe X a été plus difficile : la France termine quatrième après deux victoires (face à l’Allemagne et l’Autriche) et trois défaites face aux Pays-Bas, la République Tchèque et l’Espagne, défaite de trop qui empêche les Françaises de pouvoir atteindre le TOP 6 de la compétition.
Phase de Classement
Avec comme objectif une septième place, les Bleues ont su rebondir en dominant leurs adversaires lors de la phase de classement. Les Bleues ont terminé cette phase avec un bilan parfait de 5 victoires et 0 défaite, incluant des victoires éclatantes : 7-0 face à la Belgique ou 11 à 1 contre l’Ukraine.
Une attaque puissante et une défense solide
Tout au long de leur parcours, les Françaises ont mis en place une stratégie bien huilée pour mettre à mal leurs adversaires : bunts et vols de bases pour mettre la pression sur la défense ; patience au bâton, attendant les bons lancers pour frapper et maximiser les chances de coups sûrs ; utilisation stratégique de plusieurs lanceuses pour perturber le timing des frappeuses adverses, agressivité sur les bases… sur l’ensemble de la compétition, la stratégie a été payante quand on regarde les scores-fleuves.
Mélissa Mayeux et Zoé Hines ont été d’une aide précieuse en attaque puisqu’elles obtiennent les meilleurs ratios de l’équipe sur la majorité des stats.
Côté pitching, les lanceuses françaises ont montré une grande efficacité avec des ERA très bas et un nombre élevé de strikesouts. Chaque pitcher a apporté une contribution importante avec des performances individuelles qui se sont révélé cruciales sur l’ensemble de la compétition.
Conclusion
Grâce à leurs efforts, l’équipe de France a terminé à la 7ème place sur 22 nations, 10 matchs, 7 victoires pour 3 défaites ; un résultat qui témoigne de leur détermination et de leur talent. Ce parcours, bien que marqué par quelques déceptions, montre le potentiel et la progression constante de l’équipe sur la scène européenne. Félicitations aux Bleues pour leur performance et rendez-vous au prochain Championnat pour viser encore plus haut !
Entretien avec Céline LASSAIGNE, manager de l’EDF féminine de softball :
BTVF : Quel est votre ressenti global sur la performance de l’EDF durant ce championnat d’Europe ?
Nous sommes en 2024, ça fait maintenant 10 ans de travail qui ont été engagés avec la Fédération et les filles depuis que j’ai repris l’équipe et une première étape importante a été faite en 2019 par un TQO (NLDR : Tournoi Qualificatif Olympique), avec l’ancienne génération. Aujourd’hui cette nouvelle génération est très prometteuse, elle est vraiment pleine d’envie et d’ambition. Le bilan de ce championnat d’Europe est positif, puisqu’on sort quand même avec un record de 7 victoires pour 3 défaites. Mais c’est aussi et surtout un bel avenir vers lequel se projeter.
BTVF : La série de trois défaites laisse des regrets…
Les matchs contre les Tchèques et les Hollandaises ont été durs. Maintenant, pour avoir échangé en débriefing avec les athlètes, il nous a manqué la qualité de frappe. Elles ont affronté les meilleures lanceuses européennes voire mondiales puisqu’il ne faut pas oublier que l’on a affronté Veronika Pekova (NLDR : lanceuse tchèque) et Eva Voortman (NLDR : lanceuse néerlandaise), qui sont toutes les deux parties au Japon et donc c’est vraiment le top du top au niveau du pitching . C’est dommage parce que côté staff, on savait que c’étaient les meilleures lanceuses européennes voire mondiales et pour autant c’est dommage que les filles n’aient pas valorisé tout le travail, toute la qualité de frappe qui avait été développée sur ce début de Championnat d’Europe.
Après, l’Espagne, c’est vrai qu’il y a eu beaucoup de déception, parce que l’objectif du top 6 n’était pas atteint. Mais ça a été clair pour le collectif qu’il fallait se reconstruire et se remobiliser, se recentrer sur le moment présent et qu’il y avait maintenant un autre objectif qui était ce top 7. Un top 7 atteint avec la manière, en gagnant l’ensemble de nos matchs sur cette 2nde phase. Là, les filles ont bien fait les choses.
BTVF : Quels aspects du jeu de l’équipe vous ont le plus satisfait ?
En point positif, on avait vraiment de la régularité et de la qualité sur l’ensemble de notre défense. Une grosse force aussi, ça a été notre staff pitching à 4 lanceuses qui nous permet aujourd’hui d’avoir de la profondeur, que ce soit en termes de qualité ou de variété du profil de nos lanceuses et qui nous permet aujourd’hui de rivaliser avec l’ensemble des nations affrontées. Autre point positif, notre line-up offensif, qui est vraiment solide, du premier au 9ème , et même au-delà puisqu’on a vraiment de la profondeur offensivement et d’une manière générale on a de la qualité ! Les 17 athlètes qui étaient présentes, c’est du bonheur pour un coach ! Se casser la tête pour essayer de mettre les 9 qui selon nous sont les meilleures, c’est un problème de riche. Avoir 17 athlètes à ce niveau-là, c’est vraiment un luxe !
BTVF : Comment évaluez-vous la marge de progression de votre équipe ?
Pour être encore plus performant, il nous manque de la maturité. C’est un groupe qui est très jeune, beaucoup viennent des U22 ; Il nous manque la maturité d’une compétition : sur la manière d’aborder les matchs, de gérer les victoires et les défaites. Il faudra vraiment travailler là-dessus. Mais ça vient avec l’expérience. Ensuite, il faut aussi développer et stabiliser la confiance en soi de chaque athlète sur le long terme. Cette confiance qui fait que même si à un moment donné l’équipe est dans le dur, ou au moins individuellement en tant qu’athlète je suis dans le dur, je sais que mon passé, mon expérience, me permet d’aller puiser au fond de moi. Ca va nous permettre de gagner en régularité et de garder ce niveau de confiance tout au long d’une compétition.
BTVF : Comment envisagez-vous l’avenir de l’EDF ? Quels sont vos objectifs à court et moyen terme ?
*Les objectifs pour la suite sont fixés et précisés par l’équipe en début de saison. La projection actuelle, c’est sur les 4 prochaines années et les JO de L.A. en 2028. Il y aura aussi un championnat d’Europe en 2025 où là, l’objectif ce sera le top 6 voire mieux si le groupe gagne en maturité et peut-être se qualifier pour le Championnat du monde en 2026. Ensuite, le gros morceau, ce sera en 2027 avec un Championnat d’Europe et clairement un Top 6 affiché pour participer au TQO et avoir une place aux JO 2028. A l’heure actuelle le format des JO n’est pas déterminé donc c’est vrai que si l’on reste sur l’ancien format, c’est 6 équipes au niveau mondial et une seule place pour les équipes européennes ou africaines. Maintenant le format n’ayant pas été officiellement sorti on attend de voir le format du TQO pour se projeter un peu plus loin.
BTVF : Des sports tels que le foot ou le rugby ont des moyens et du temps de préparation en groupe pour mettre en place des plans de jeu et qu’ils soient assimilés par les joueuses, une dynamique de groupe, la création d’automatismes, … Comment faites-vous ce travail-là avec le peu de temps que vous avez?
Ce qui est important, c’est aussi parler de la formation : au niveau du pôle, où maintenant un grand nombre d’athlètes dans les équipes nationales sont passées et dans lequel on arrive à développer des systèmes de jeux que les joueuses voient tous les jours. Et c’est vrai qu’en arrivant en équipe de France, les joueuses ont assimilé les tactiques, elles sont automatisées et déjà intégrés par les athlètes. On a réussi à développer la confrontation, avec la création de la Super League ; on voit les joueuses jouer ensemble et aussi les unes contre les autres et le fait d’avoir ces 3 équipes formées, et à chaque fois différentes, ça développe vraiment cette cohésion. Comprendre l’autre et développer cette communication et l’analyse du jeu.
BTVF : Que pensez-vous du niveau des sélections européennes actuellement ?
Aujourd’hui le niveau européen a augmenté, c’est de plus en plus compliqué de rentrer dans ce top 8, qui est quelque part aussi le un peu le saint-graal dans lequel il faut rentrer à chaque compétition. Chaque Championnat d’Europe en témoigne. Les Pays-Bas, au Championnat du monde, a réussi à challenger les meilleurs ! Donc ça montre vraiment l’augmentation de ce niveau européen. Ce qu’on remarque vraiment, ce sont les qualités physiques de l’ensemble des athlètes à ce niveau-là, qui commencent à être vraiment de très très haut niveau !
BTVF : Un mot à ajouter ?
Oui, de remerciements à l’ensemble du staff qui travaille avec moi au quotidien. Respect également à l’investissement et au sacrifice quotidiens faits par nos athlètes. On n’est pas un sport professionnel et je sais qu’au quotidien, ce n’est pas évident. Qu’elles soient étudiantes ou qu’elles aient un emploi, il ne faut pas oublier tout cet investissement. Pour concilier cela et faire cette carrière de haut niveau, il faut vraiment l’amour du maillot !
Merci Céline pour le temps accordé.
Sébastien DONDE.
Crédits photos : Instagram et site internet de la FFBS.
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