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Les Bracos en Bronze

Le softball masculin brille au niveau Européen avec l’équipe engagée par le club de Montpellier. La rédaction a demandé au coach, Pierre Manville, de nous raconter la semaine de compétition. Il nous a répondu longuement et comme tout est intéressant et passionnant, nous avons décidé de vous livrer l’entièreté.

Présentation de la compétition

C’est une compétition qui peut rassembler jusqu’à 24 équipes réparties sur quatre poules. Au terme d’un round-robin, un classement s’établit au sein de chaque poule. Si la poule compte cinq ou six équipes alors les trois premières sont qualifiées pour la SuperCup (seulement deux en cas de poules de quatre comme en 2021 post covid). Les deux ou trois dernières équipes sont qualifiées pour disputer la European Softball Cup. Cette année, les trois premiers accédaient en SuperCup et les deux derniers en ES Cup.

Puis chaque coupe se dispute sous le format de la double élimination où, pour résumer, il s’agit de rencontres à élimination directe en ayant toutefois droit à un joker mais qui implique plus de rencontres. Plus tôt le joker est utilisé plus la route devient longue mais encore possible pour accéder à la finale.

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Chaque pays dispose de deux places qualificatives, pour le champion national et son dauphin, ou éventuellement le vainqueur de la Coupe nationale. Une troisième place est attribuée aux trois nations figurant sur le dernier podium des Championnats d’Europe. Une place est aussi attribuée à chaque tenant du titre SuperCup et ES Cup. Il y a aussi des équipes invitées comme l’équipe nationale tchèque U23, l’équipe nationale d’Allemagne voir même une fois l’équipe nationale d’Argentine U23.

C’est une compétition relevée au niveau international car chaque équipe se renforce auprès de nations leader au plan mondial (Argentine, Nouvelle Zélande, Australie, Colombie, Venezuela, Mexique, USA…) ou au plan européen (tchèques ou danois pour l’essentiel). Selon les accords trouvés entre équipes et ces joueurs stars, il est tout à fait possible d’affronter les meilleurs joueurs mondiaux du moment. Ainsi la coupe d’Europe fait en quelque sorte partie d’un « circuit mondial » des meilleurs tournois de softball.

Des coupes d’Europe auxquelles nous avons participé, 2018 était la plus relevée car elle suivait la coupe intercontinentale des nations qui avait lieu elle aussi à Prague, 2021 aussi à Prague était la plus faible suite aux contraintes imposées par le covid avec hormis trois ou quatre mexicains, aucun joueur hors UE. Cette année fait partie des années plutôt relevées, elle se déroule sur Haarlem Olympia (site principal, 2 terrains jouables en nocturne), Vennep (2 terrains mais un seul prévu à la base, éclairé) et Amstelveen (1 terrain pas éclairé). Les sites sont distants d’une quinzaine de kilomètres.

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Nos objectifs

Retourner en SuperCup depuis que nous y avons goûté en 2019 à Nettuno (les Cobras de Contes ont été les premiers à s’y qualifier en 2017) demeure l’objectif de chaque année, Anthony Cros, de par ses multiples contacts avec ces joueurs stars européens et internationaux, essaye de renforcer notre équipe dans ce but avec notamment l’apport de lanceurs car il faut reconnaître qu’aucun lanceur français ne peut actuellement rivaliser à ce niveau là, hormis contre les plus faibles équipes de l’ES Cup.
En cas d’échec, l’objectif est de gagner l’ES Cup mais, sans être prétentieux, le niveau ne devient vraiment intéressant qu’à partir du match pour la quatrième place en général car tu retrouves les équipes qui ont « raté » la SuperCup.

Cette année, nous savions que nous étions dans une poule à notre portée avec les Bulls de Stenlose (Dan) comptant dans leurs rangs Kim Hansen qui, au long de sa longue carrière (dont c’était probablement la dernière compétition) figure généralement parmi les trois meilleurs lanceurs européens du moment et Peta Rona solide frappeur (joueur d’infield mais qui peut aussi plus que dépanner en tant que lanceur si nécessaire) et capitaine de l’équipe nationale kiwi, pour ne citer qu’eux.

Les tchèques U23 (plutôt U20) sont toujours tenaces et possèdent généralement un bon lanceur soutenu par quelques bons frappeurs. Equipe appliquée, très véloce, elle n’est à ne surtout pas sous estimée mais reste abordable.

Les hollandais de Vennep Flyers étaient largement à notre portée et nous le savions mais il s’agissait de notre premier match, dès le lundi 17h après avoir voyagé toute la nuit en minibus, du moins pour les joueurs français. Anthony notre meilleur joueur et capitaine ne nous a rejoint que le lendemain matin. La prudence était de mise pour ce match là.
Enfin les Meteors de Londres étaient le petit poucet de la poule et ne devaient pas nous poser de problème au vu de notre effectif.

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D’ailleurs le voici,
Liam Twigden (NZ) P, 1B, OF
Joel Goodall (AUS) P, OF
Jiri Pokorny (CZ) P, 1B
Jan Janousek (CZ/FRA membre de l’équipe de France) 1B, OF
Jan Svaton (CZ) C, OF
Anthony Cros C
Grégory Cros 3B, INF
Rémy Pujal P, 1B
Rémi Benyaïch OF
Clément LePichon OF
Laurent Andrades OF, 1B
Jacques Boucheron (Clapiers Jacou) OF, INF
Nicolas Garin (Nice) INF, C
et moi même…sachant qu’Anthony n’arrive que le mardi en fin de matinée et Laurent le mercredi.

Match après match

1er match poule A (lundi Vennep 1) : W 8/1 @ Vennep Flyers.
On commence bien en mettant à chaque manche un coureur sur base sur un double, Liam muselle les frappeurs adverses dans l’ensemble. On ouvre le score en 2ème sur deux doubles (Janousek, Garin) et deux simples (LePichon, Boucheron). Garin frappe un HR solo en 4ème, les Flyers réplique de même en fin de manche mais il s’agit là de leur seul point. Janousek ajoute deux points sur HR en début de 5, imité par Boucheron en début de 6 après deux doubles de Garin et LePichon. Liam ferme la porte en fin de 6 et empoche la victoire (6IP, 3H, 1ER, 1BB, 10K).
dès ce match là, on sait que l’on vient de se qualifier pour la SuperCup sauf accident face à Londres le lendemain

2ème match poule A (mardi Vennep 1) : W 11/3 @ London Meteors.
Jiri « Jirka » Pokorny prend la plaque pour ce match. Jirka a lancé et gagné la finale de l’ES Cup en 2021 avec ses deux coéquipiers Jan « Janda » Janousek et Jan « Hanzi » Svaton.
5IP, 0H, 1ER, 1BB, 12K résument sa performance. J’ai envoyé Pujal après que Jirka ait perdu le perfect game puis le no hitter en début de 5ème. J’ai dû faire relancer Jirka afin de finir le match, Rémy ayant pris un point et accordé un hit et un BB, afin de préserver l’écart du mercy-rule.
Ca y est, nous sommes officiellement de retour en SuperCup. A partir de là, toute victoire nous offre une deuxième place et potentiellement un premier adversaire moins bien classé.

3ème match poule A (mardi Vennep 1) : L 2/4 vs Stenlose Bulls.
Ce match commence quelques heures après celui contre Londres, Anthony arrivé en cours du premier est autorisé à jouer celui-ci. On ne joue les tchèques U23 que le lendemain à 18h, donc avec une bonne récupération d’ici là. Goodall starte ce match au cas où il y ait un coup à faire. Kim Hansen nous fait face et s’engage alors un match qui débute par une manche défensive casquette de la part de chaque équipe où les Bulls nous offrent deux points cadeaux. Goodall résiste mais se fait de plus en plus frapper dur avec notamment un HR titanesque de Peta Rona qui débute un début de 5ème où Twigden entre quand ils reviennent à égalité avec encore des coureurs sur base. Un point de plus sur un passed ball, puis un de plus dans la manche suivante sur un simple et l’affaire est entendue. Kim Hansen nous a tout simplement dominé (4IP, 3H, 2R, 0ER, 1BB, 10K) relevé par Taine Slaugther (NZ) qui n’accorde aucun hit sur les trois dernières manches.
Cette défaite était prévisible et n’entame en aucun cas le moral de l’équipe.

A noter que dans le même temps, les Rabbits de Clapiers-Jacou se qualifiaient eux aussi pour la SuperCup au bout d’un match à suspens contre les belges Spartans de Deurne, pour leur première participation, créant une première historique avec les deux clubs français qualifiés pour la SC, les 3ème et 4ème participations pour un club français.

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4ème match poule A (mercredi Vennep 2) : W 4/3 vs CZ U-23.
Le climat hollandais s’invite dans la danse et bouscule le calendrier au point d’avancer notre match de 18h15 à 16h. Vers 13h30, la commissaire technique en chef de la compétition m’appelle pour me demander si l’on peut avancer à 15h, ce que je refuse car nous sommes presque à une heure de route des sites.
Bref, on décide d’associer Pokorny et Svaton pour ce match, Hanzi s’est montré excellent catcher défensif et immédiatement synchro avec Twigden qu’il ne connaissait pas. Les deux connaissent mieux que personne nos adversaires. Le match tourne au duel de lanceurs dans lequel Mataj Macas fait face à Jirka. Les tchèques ouvrent le score en début de trois sur un simple et un double. On réplique par deux points en fin de manche après deux BB des frères Cros, Greg marque sur un passed ball suite à un vol de base, puis Anthony sur un simple de Janousek. Les tchèques égalisent en début de 6 sur HR ce qui nous force, une manche plus tard, en extra innings.

Coureur d’office en 2ème base, mais on accorde un infield hit, puis double vol, coureurs en 2 et 3, aucun retrait. Strike out puis pop sur Greg Cros. On accorde un BBI au 3ème frappeur du lineup mais Pokorny touche le frappeur suivant. Fly oout et on sort de la manche à moins un.

LePichon étant le dernier retrait, c’est lui le coureur d’office placé en 2, ce qui nous place avec le 9ème frappeur au baton. Greg Cros soutire un BB. Un passed ball créé une panique dans la défense où le jeune catcher tchèque dévisse son lancer en 2ème base afin d’intercepter Greg, après que LePichon ait déjà atteint la 3ème base. Celui-ci score sur l’erreur tandis que Greg est safe en 2. retour du début de lineup avec Anthony, Twigden, Boucheron et Janousek. Je demande un sac bunt parfaitement exécuté au point qu’Anthony arrive safe en 1ère base, mal couverte par le 2ème base. Greg arrive safe en 3ème mais dans la suite de l’action, Anthony voyant la 2ème base sans aucun défenseur décide de s’y rendre mais semble trébucher après sa première foulée. Voyant cela, le 2ème base tchèque, en possession de la balle, décide d’aller le taguer alors qu’il se trouve plusieurs mètres après la 1ère base, près de la ligne de foul ball. Greg, coureur rapide et alerte n’en demande pas plus et vole le marbre, game over.
Au début, j’ai franchement cru qu’Anthony l’avait fait exprès, créé un « decoy play» afin d’attirer l’attention. Puis quand j’ai vu qu’il ne se relevait pas, j’ai compris que c’était grave. Rupture du tendon d’Achille, fin de compétition, fin de saison. Il faut savoir qu’Anthony se situe facilement dans les quinze meilleurs frappeurs européens (meilleur frappeur du championnat d’Europe 2021) et pèse lourdement sur les lanceurs adverses qui doivent s’employer pour le retirer. On est 2ème de la poule mais à quel prix, Anthony nous suivra désormais grâce au streaming depuis la maison. Comme si cela ne suffisait pas, son frère Greg ne peut plus tenir une batte suite à une frappe laser reçue en 3ème base directement dans sa main lanceuse ce qui va me pousser à l’utiliser comme flex (la contre partie du DP, le « DH » au softball) en 2ème base et mettre Garin à sa place en 3ème base.
Grosse performance de Pokorny sur la plaque 8IP 8H 3R 2ER 1BB 11K.

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Super Cup

1er match SuperCup (jeudi Haarlem 2) : W 8/0 vs Chicaboo’s (BEL).
Il a plu pendant la nuit et quand nous arrivons vers 7h50, nous découvrons un infield noyé sous une bonne couche d’eau. Le planning a été décalé (mis à jour alors que nous étions à moins de 10mn du site d’Haarlem) toutefois, personne ne semble vouloir s’occuper du terrain, ni de trop s’en soucier. Après tout, nous profitons d’une belle matinée ensoleillée et agréable, associée à une légère brise peut-être viendra-telle à bout de cette eau sans aucune aide ? Vers 10h, enfin une équipe de cinq ou six hommes se penche sur le problème et dégaine un aspirateur industriel. Au même moment arrive l’équipe de Tenerife qui doit jouer après nous contre les Rabbits et qui ne semble pas être au courant des nouveaux horaires. Prévu à 9h le match ne commence qu’après 11h.

C’est désormais « Hanzi » Svaton qui va catcher tous les matchs mais j’ai totalement confiance en lui, il connaît rapidement ses lanceurs et est excellent pour lire les frappeurs adverses. Avec lui et les trois autres lanceurs, nous décidons qui est le mieux à même d’affronter tel ou tel adversaire.
Ici, le calcul est simple, on ne peut pas se permettre d’utiliser le joker dès la première rencontre et c’est logiquement Twiggy qui prend la balle face à une vieille connaissance Roberto Ramos (Costa Rica) que nous croisons régulièrement en coupe d’Europe. Les trois premières manches sont indécises jusqu’en fin de 3ème justement où Lepichon soutire un BB puis score sur un HR de Boucheron qui rompt la digue belge. Simples de Twigden, Goodall et Pokorny, suivis d’une frappe de Svaton relâchée par le champ droit puis d’un double de Garin produisent 5 points. En fin de 4ème, deux points de plus sont marqués sur un double de Goodall, qui score lui aussi sur un simple de Pokorny. Twiggy ferme la porte en début de 5ème, 5IP 2BB 7K, no hitter.

Objectif rempli, on a toujours notre joker, cependant Janousek doit sortir en fin de match ressentant une douleur sur un adducteur . Prochain adversaire, les Hurricans de Horsholm (DAN), vainqueurs de la SuperCup en 2019 et 2021 (pas d’édition en 2020), un peu plus tard dans l’après-midi.

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2ème match SuperCup (jeudi Haarlem 2) : L 0/7 @ Hurricans.
Goodall commence le match pour nous, Janousek est sur le banc et je me demande si on ne nous a pas jeté un sort, pile l’année où ne nous sommes pas à l’effectif maximal autorisé de 17 joueurs.
On perd le fil du match dès la 1ère manche où sur une erreur de lancer pour initier un double jeu, nous accordons deux points, puis un troisième sur un fielder choice puis un quatrième sur HR. En 2ème, ils ajoutent trois points de plus sur cinq simples. Enfin en 3ème manche nous ne prenons plus de points ainsi qu’en 4ème avec Pujal entré en relève. Ce dernier casse aussi le no-hitter combiné qui se préparait grâce à un simple puis un double l’at bat suivant, nos seuls hits.
On perd notre joker mais j’ai senti qu’il ne fallait pas insister dès la fin de 2ème. Nous sommes désormais sur la longue route mais nous allons aussi affronter des équipes qui ont elles aussi perdu un match. Dos au mur, nous n’avons d’autre choix que de prendre les matchs l’un après l’autre et de voir jusqu’où nous sommes autorisés à jouer.

3ème match SuperCup (vendredi Amstelveen) : W 7/1 @ CZ U-23.
Nous retrouvons les « petits » tchèques qui ne nous oppose pas Macas qui nous avait pourtant longtemps tenu en échec lors du dernier match de poule. Nous marquons 4 points dès la 1ère sur des simples de Twigden, Goodall, Pokorny et Garin ainsi que deux BB de Janousek et Svaton.
Goodall muselle l’attaque adverse ainsi que Macas entré en relève pour les tchèques en 3ème manche. Ceux-ci scorent un point en 5ème auquel nous répliquons par 2 puis 1 points dans les deux dernières manches.

Les tchèques sont éliminés, nous poursuivons quelques heures plus tard sur un autre site. Juste après son 1er at bat, je sors temporairement Janousek (afin de préserver sa jambe) du lineup où il était DP avec Greg Cros en flex. Greg, qui doit nous quitter en fin de match afin de prendre un avion pour l’Italie et le mariage d’un ami, bénéficie ainsi de 2 passages au bâton (sa main allant mieux) avant de partir, ayant été flex à plusieurs reprises depuis le début de semaine.

Ce match fait passer l’équipe en mode plus rien à perdre et c’est nous face aux adversaires et blessures. Heureusement pour nous, la blessure de Janousek reste bénigne et il reprend sa place. Le mot d’ordre devient définitivement de continuer à jouer jusqu’à ce que l’on nous dise stop, de voir jusque où nous pouvons pousser. D’ores et déjà, nous venons d’égaler notre unique perf en SuperCup (7ème).

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4ème match SuperCup (vendredi Haarlem 2) : W 3/2 @ Bulls Stenlose.
Twigden est désigné pour contenir l’attaque danoise tandis que la notre va devoir trouver la faille face à Kim Hansen. C’est un duel de lanceur qui se rendent coup pour coup, enchaînant les strike outs. En début de 5ème, Garin débute par un BB puis avance en 2ème base sur un sac bunt de LePichon à un retrait. Boucheron arrive safe en 1ère sur un strike out relâché à deux retraits. Hansen accorde le seul hit en notre faveur, un HR à trois points de Twigden, tous non mérités.
En début de 7ème, les Bulls reviennent à un point sur un HR mais Twigden, tout comme le reste de l’équipe, garde son sang-froid et obtient peu après le dernier retrait.
Ca ressemble à un braquage car on vient de sortir un prétendant au titre grâce à un seul hit tandis qu’ils en frappent six. Il semble que l’heure de la bière soit de nouveau repoussée et que nous devions jouer encore, en début de soirée.

5ème match SuperCup (vendredi Haarlem 1) : W 7/5 Olympia Haarlem.
Troisième match de la journée pour nous, les muscles commencent à tirer et les nuages s’alourdissent d’eau. Seul lanceur frais du jour, la balle est confiée à Pokorny qui, en finale de ES Cup en 2021, avait dominé une majorité du lineup adverse alors sous les couleurs de Quick Amersfoort.
Malgré la présence du lanceur n°1 mexicain Villalvazo, n°1 américain Kilpatrick et n°1 hollandais Lourens dans leurs rangs, les bataves nous sous estiment et nous opposent un vieux lanceur hollandais Visser, loin de son prime. Il remplit rapidement les bases sur deux BB et un hit by pitch, puis un nouveau BB sur Goodall pousse le premier point au marbre. Après le sac fly de Svaton qui ajoute un deuxième point, Kilpatrick entre en relève et, la fine pluie commençant à s’épaissir, avec deux coureurs sur base et deux retraits attaque logiquement la zone dès le premier lancer. Garin ne laisse pas passer l’occasion et catapulte une drop ball un peu trop haute derrière la clôture du champ centre. Milieu de 1ère et nous menons 5/0.

La pluie s’intensifie alors que nous entrons sur le terrain en fin de 1ère. La balle devient de plus en plus difficile à contrôler et impossible à garder sèche dès la relance au lanceur. On encaisse un premier point suite à un simple et un double, puis un deuxième suite à un hit by pitch puis un strike out relâché. Aucun retrait, coureurs en 1ère et 3ème base, un strike, c’est à ce moment là que l’arbitre en chef annonce un rain delay, malgré les protestations des joueurs locaux.
La commissaire technique m’annonce que nous devons patienter et de voir l’évolution d’une pluie qui ne fait que s’intensifier, recouvrant rapidement les parties non bâchées de l’infield d’une bonne pellicule d’eau. Le ground crew tente d’intervenir (à 3!) avec de larges mousses éponges lorsque semble arriver une accalmie mais renonce après 15 minutes d’efforts inutiles. Permission de rentrer chez nous à 50mn de route, il est plus de 22h30, on doit reprendre le lendemain à neuf heures sur Haarlem 2.

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(samedi) De nouveau nous arrivons une dizaine de minutes avant 8h et nous constatons qu’il n’y a aucune activité sur les terrains. Nous allons finalement jouer sur le terrain principal, plus facile à éponger et à aspirer semble-t-il. Après une grosse demie heure de retard, nous reprenons avec la même situation que la veille. Avec une balle sèche, Pokorny enchaîne trois strike out pour mettre fin à la manche. En début de deuxième, LePichon débute par un hit bunt parfaitement placé avant de marquer sur un double de Janousek à deux retraits. Pokorny ajoute un point sur HR en début de 5ème avant d’accorder trois points sur un sac fly, une erreur défensive et un double. Plus rien ne sera marqué dans les deux dernières manches, Twigden entrant en relève pour le save en 6ème manche.

On a eu chaud mais surtout, aucun d’entre nous ne comprend le choix du starter hollandais. Un cadeau sur lequel nous n’avons pas craché. En attendant, on continue d’avancer, un match en plus au bout duquel le vainqueur s’assure au minimum d’une médaille de bronze. On le vit mais on ne veut pas encore y croire, on est juste heureux mais surpris de pouvoir continuer. Villalvazo est entré en 6ème en relève de Kilpatrick mais le mal était déjà fait, Olympia a payé deux joueurs de classe mondiale pour ne pas les utiliser directement dans un match à élimination directe. Ils nous ont certainement sous estimés malgré le fait que, hormis Quick, nous battons les autres clubs hollandais à chaque coupe d4europe et que la France a battu les Pays Bas lors des deux derniers championnats d’Europe. Genre de jubilé offert à Visser ? Franchement, j’ai toujours pas la réponse. Quatre heures avant le prochain match.

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6ème match SuperCup (samedi Haarlem 1) : W 4/3 vs Hurricans.
Là, il n’y a plus à calculer et il nous faut mettre notre meilleur lanceur car c’est un match au combien symbolique qui permet d’accéder dans le top 3 européen. On envoie Twigden avec pour consigne de tenir le plus longtemps possible avec Goodall en relève si nécessaire. Nouvelle surprise quand nous découvrons Lohmann en lanceur et non Valdemar Terkelsen qui nous avait largement dominé le jeudi après midi, ni même Marek Maly ancien ace de l’équipe nationale tchèque il y a encore quelques années.
Nous sommes home team pour la deuxième fois seulement et nous marquons dès la 1ère suite à un double de Twigden qui franchit le marbre sur un simple de Janousek. Les Hurricans placent un coureur sur base en début de 1ère, 2 en 2ème puis trois en 3ème. Pop flies, ground out et quelques strike out nous permettent de ne pas encaisser de point malgré tout. Twiggy commence à montrer des signes de fatigue mais il pense pouvoir contrôler les frappeurs adverses sur leurs deux premiers at bat. En fin de 3ème, Boucheron débute la manche par un simple suivi d’un BB de Janosek avant que Goodall ne fasse scorer les deux sur un double au champ droit. Twiggy retire les danois dans l’ordre en début de 4ème tandis tandis qu’il ajoute lui même un quatrième point en fin de manche sur un simple après le triple de Boucheron à deux retraits. En début de 5ème manche, Freddy Terkelsen nous rappelle qu’il compte toujours parmi les meilleurs frappeurs européens en frappant un HR à deux points. En début de 6ème, Goodall entre en relève de Twigden qui a tout donné. Une erreur puis un fielder choice mettent un coureur danois sur les bases qui score sur un simple au champ centre. Mais une fois de plus, la sérénité règne au sein de l’équipe qui n’accorde plus aucun point. En 7ème, Goodall retire les frappeurs 2, 3 et 4 dans l’ordre et empoche le save au passage.

On l’a fait, une médaille garantie en SuperCup ! On écrivait l’histoire du softball masculin en coupe d’Europe un peu plus après chaque victoire mais comme cette médaille, ce n’était pas la motivation première. C’est l’adversité qui a unit cette équipe, le groupe réduit, la perte d’Anthony, le départ de Greg, (heureusement) la blessure bénigne de Janda et le fait d’être dos au mur dès le deuxième match ont soudé un groupe où certains joueurs ont dû évoluer hors de leur position habituelle. Rapidement, il faut se recentrer sur le match suivant que nous devons enchaîner.

7ème match Supercup (samedi Haarlem 1) : L 0/7 @ Magos Tenerife.
Le constat est clair et rapide, les gars sont rincés après 7 matchs en trois jours très longs avec des nuits courtes avec réveil vers 6h du matin. Mais bon, et si jamais, il s’agit d’une place en finale après tout.

La réponse est très rapide, nous faisons face à Maiker Pimentel du Venezuela (élu MVP du tournoi) et celui-ci s’apprête à starter son 8ème match de la semaine. Sa drop ball (genre de split) atteint encore les 80 mph. Le gars est tout simplement une machine, très impressionnant. Les Magos viennent de perdre leur joker au match précédant contre les Locos de Breclav (CZ) en 11 manches, néanmoins ils demeurent bien plus frais que nous où les mêmes neuf ont disputé 7 matchs en trois jours. Bref, les espagnols marquent 2 points en 1ère, puis en ajoute deux de plus en 3ème avant d’en inscrire trois autres en 5ème marquant le walk off sur mercy rule.image](

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Voilà, fin du voyage. Je repense aux cylindrées européennes que nous venons d’éliminer, les Bulls et les Hurricans qui nous avaient battu plus tôt dans la compétition. Il y a cette succession de choix pour le moins curieux du starter adverse qui est plus qu’à notre portée et que nous punissons, avant que l’on nous oppose les véritables aces mais trop tard.
Je me revois, les années précédentes, avec Anthony et les autres, dans les gradins à regarder les gros clubs en SuperCup disputer ces derniers matchs le samedi après que nous ayons le plus souvent décroché le bronze en ES Cup (2018, 2021, argent en 2022) en se demandant si un jour on pourrait être là, à leur place en train de se disputer les médailles de SuperCup. La réponse la plus logique était non. Peut-être en engageant un lanceur de niveau mondial, dominant, entouré d’au moins deux autres lanceurs de niveau international ou top européen, d’y ajouter un ou deux frappeurs éventuellement, quelques tchèques évoluant en Extra Ligua et puis un ou deux frappeurs français si nécessaire. Si les étoiles peuvent s’aligner un temps soit peu, alors peut-être… mais franchement trop lointain pour y croire.
En 2019, on dispute la SuperCup uniquement grâce à la présence du lanceur n°2 de l’équipe nationale d’Australie, Harrison Peters, un véritable cheval capable d’enchaîner les matchs et les strike out ainsi que de la présence d’Eru Drage (NZ, membre de l’équipe nationale encore peu de temps auparavant) qui termine meilleur frappeur de SuperCup.

Parenthèse, en coupe d’Europe, il est possible d’engager trois picked up players (PUP) hors UE et autant de joueurs européens que l’on veut, y compris de son propre championnat. Ainsi en 2022, les Alligators d’Oslo remportent la SuperCup sans compter un seul joueur norvégien. Ce n’est pas ce que nous souhaitons chez les Bracos.

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D’ailleurs, la performance des Rabbits est à souligner au passage, leur 8ème place en SuperCup est énorme et ressemble beaucoup à notre campagne de 2019, avec pour eux aussi l’apport d’un lanceur dominant Victor Guedez et du catcher Cesar Vazquez tous deux membres de l’équipe nationale mexicaine. D’ailleurs ce dernier termine lui aussi meilleur frappeur de la compétition.

Du point de vue de l’organisation, il se voyait clairement que les hollandais ont été contraints d’organiser cette coupe d’Europe afin de soulager les tchèques et notamment le club des Eagles de Prague d’avoir site principal trois éditions de suite, tout en organisant en parallèle un tournoi baseball U15. Ce fait était surtout notable à Haarlem, avec les interventions tardives du ground crew après les averses. Rien à redire en revanche pour Vennep et Amstelveen (où nous n’avons disputé qu’un match au final).

Pour la petite histoire, un club tchèque remporte enfin la SuperCup, les Locos de Breclav battent une nouvelle fois les Magos 2 à 1 en 7 manches, comptant dans leur effectif Michal Holobradek et Jakub Osicka (ozichka) qui ne sont rien de moins que les deux meilleurs lanceurs tchèques et européens à l’heure actuelle. L’équipe nationale tchèque roule littéralement sur l’Europe au point qu’ils ont remporté le championnat d(Europe cette année sans la présence d’Holobradek, engagé sur la saison de tournois américaine à ce moment là.

Spectrum Prague remporte l’ES Cup agrémentant ainsi cette première par un doublé.
Si on avait été en finale, celle-ci aurait été certainement expédiée 15/0 en trois manches, une finale moche en résumé. Les gars étaient simplement rincés après 8 matchs en 3 jours et onze au total soit plus que n’importe quelle autre équipe.

Troisièmes de SuperCup est un résultat inespéré voir improbable compte tenu de l’évolution du roster au long de la semaine. L’absence de Mathis Guiraud sur rupture des ligaments croisés face à Savigny lors de la dernière journée de championnat début août (SS de l’équipe de France et 2ème base de l’équipe baseball des Barracudas) a rendu la présence de Jacques Boucheron plus qu’indispensable. La blessure d’Anthony qui nous offre une victoire synonyme de 2ème place du groupe nous fait mal, puisqu’il ne sera même plus là sur le banc.

Honnêtement, je ne suis pas sûr que l’histoire eut été la même en leur présence, des joueurs ont eu du temps de jeu qu’ils n’auraient peut-être pas eu et ils l’ont mis à profit.
Liam Twigden nous fait une semaine énorme tant à la plaque (4GS 4W 3CG 1.58 ERA 26.2IP 19H 5BB 38K) qu’au bâton (12/33 7R 2 2B 3B HR 7RBI) mais c’est surtout Nicolas Garin qui fait une campagne monstrueuse (9/25 7R 4 2B 3B 2HR 9RBI).

Pierre Manville
Crédit photos : MUC Barrracudas

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