Bilan 1ère Journée

Si un lecteur de baseball TV France a trouvé les 8 bons résultats de la première journée du championnat de France de D1, qu’il contacte la rédaction, on va lui proposer un poste de pronostiqueur en chef ! En effet, dans un baseball français peu marqué par la parité et les surprises, il y a eu quelques petits tremblements de terre dimanche dernier. Tour d’horizon des principaux faits saillants d’un début de saison très prometteur.

Alors, ces JFL ?

D’abord, les chiffres. En 2023, lors de la première journée, les JFL (qui n’étaient pas encore appelés ainsi) avaient lancé 49 manches et les non-JFL 89 2/3. Cette saison, les JFL ont eu la balle pendant 79 manches et les non-JFL pendant 68 1/3.

Premier constat, donc, ça marche, les lanceurs made in France ont plus de responsabilités, et les équipes ont su s’adapter. On a vu des très jeunes lanceurs, dont évidemment l’étoile montante Ben Couvreur (16 ans 9 mois), mais aussi E.Davy (16 ans 2 mois), N.Chevet (15 ans 6 mois), L.Perrois (17 ans 3 mois), H.Py (15 ans 6 mois)… La relève est en marche, sans oublier les Loat, E.Brelle et autres Launay qui ne sont pas si vieux.

Est-ce que la règle JFL a eu un rôle dans les résultats globaux ? Pas forcément, même si on vu certaines équipes devoir composer avec elle, à l’image des Barracudas qui n’ont accordé que les 7 manches réglementaires aux JFL, d’autres tenter des coups plus audacieux comme Metz (on y revient plus bas). C’est sur le long terme qu’on jugera vraiment de l’efficacité de la règle, de la façon dont les équipes s’adapteront et feront confiance à leurs jeunes bras dans des circonstances difficiles, mais pour l’instant, c’est plutôt encourageant.

Quelle première !

Montpellier et Metz s’étaient affrontés 10 fois avant dimanche dernier. 10 victoires pour les Barracudas, 80 points marqués contre 15, une seule fois sur 10 Metz a marqué pour de 2 points. Autant dire que la tendance était plutôt en faveur des champions de France. Mais une utilisation audacieuse du pitching (il fallait oser donner la balle à Elliot Ten Eyck, pas encore 20 ans, 12,63 de ERA en D1, mais 3 superbes manches pour démarrer) et une défense exceptionnelle ont fait la différence. On n’oubliera pas les deux assists décisives d’Antoine Takezawa, l’une en 6è manche pour retirer Pontiac en 3è sur un ballon de Kovacs et encore plus le jeu du match en 9è manche pour retirer l’ancien messin Sigiura au marbre en empêcher l’égalité sur un simple de Brossier. Metz a tourné trois doubles jeux, a bénéficié d’un haut de line-up conquérant (3 hits pour Victorien Roze notamment) et a parfaitement mérité sa victoire en faisant preuve de beaucoup de force de caractère en ne cédant pas et en remontant la pente en 8è manche. Le score final du 2è match (1-6) ne rend d’ailleurs pas hommage à leur niveau de jeu, puisque seul un petit coup de mou en fin de match a donné cette ampleur à l’écart, alors que les Lorrains menaient encore 1-0 après 5 innings.

Bienvenue aux nouveaux

Recruter est toujours un art difficile. Les Rouennais le savent bien, eux qui ont échoué dans cet exercice l’an dernier, mais qui semblent avoir misé sur de bonnes cartes cette saison. C’est très solide au bâton avec Defries, Smith et Masson et au monticule avec un Igami séduisant. Il faudra toutefois faire le point face à une opposition plus musclée, car du côté des Templiers, le trio japonais n’a pas vraiment convaincu, avec un Kurima très décevant au monticule.

À La Rochelle, c’est un peu mitigé pour l’instant, 1 en 8 au bâton pour Gonzalez, un départ difficile pour Izquiedro (5 hits, 4 BB en 4,1 IP), mais une relève décisive dans le match 1 pour Escorcha. Les Boucaniers, qui attendent l’arrivée de Paul Simon, ont gagné leurs 2 matches, et c’est ce qui compte pour eux. À Montigny Lot est resté muet face à son ancienne équipe et Soliveres n’est apparu que dans un match. À noter un deux en deux pour le grand retour de Coopman.

À Montpellier, on attendra mieux de Spring (2 en 7) alors que le vieux briscard Douglas Rodriguez (2 en 6) aura un rôle important. Metz a beaucoup bougé, et pour l’instant ça paye. Ruiz est toujours aussi performant (4 en 9), Algeni apporte de la solidité, Paredes sera la clé de voute du monticule, Launay a surpris, et tout le monde n’est pas encore arrivé.

À Savigny, Romero devra être plus efficace au pitching de même que Tissera (1 en 9) au bâton. Enfin Toulouse a été discret sur le marché, mais Scavo sera utile tout au long de la saison (2 en 7).

Règle non écrite ?

10-1 pour les Huskies en 7è manche du match 2 contre Sénart. L’américain de Rouen Jacob Defries reçoit un but sur balles, puis vole la 2, la 3 et marque sur un mauvais lancer. 10 points d’écart, mercy rule, game over. Mais les Rouennais n’ont-ils pas enfreint une règle non écrite du baseball qui voudrait qu’on arrête de voler (et aussi de bunter) quand l’écart est suffisant ? Ou au contraire, les Rouennais ont-ils bien fait, après presque 6 heures de jeu, d’écourter des débats sans intérêt en économisant des bras et des jambes pour la suite ? À chacun son interprétation, mais il sera intéressant de voir si au prochain match entre les deux équipes les Templiers l’auront mal pris et réagiront par une rapide bien sentie dans les côtes d’un frappeur rouennais.

Boucaniers à l’abordage

Après leur belle saison 2022, les Rochelais sont rentrés dans le rang en 2023. Ils veulent retrouver le chemin du succès et ont marqué de leur empreinte cette journée en triomphant à deux reprises, sur son terrain, du vice-champion et du vainqueur du challenge en titre. Beaucoup de points positifs pour La Rochelle, un pitching très équilibré avec beaucoup de solutions et un line-up solide, mais qui n’a frappé que pour .236 contre Montigny. Il faudra voir ce que cela donne dans le choc au sommet de la deuxième journée face à Rouen.

Les podiums

Pitching

Franklin de la Rosa (La Rochelle). C’est ce qui s’appelle une relève de qualité. Le gaucher est entré en 4è manche du 2è match contre Montigny avec 1 retrait, coureur en 2 et 1, et une avance de 5-3 pour les Boucaniers. Il a fermé la porte avec autorité en retirant Anouar et son ancien équipier Lot Martins sur deux prises, et a continué dans la même veine jusqu’à la 9è avec 0 BB (ce qui n’est pas son habitude) et 9K.
Alexis Parades (Metz). Il a su éteindre la poussée des Barracudas en 5è manche du premier match, alors que tout aurait pu basculer, puis a tenu le choc (bien aidé par un superbe double jeu sur un ballon sacrifice en 6è), malgré plusieurs situations tendues, donnant aux Cometz une superbe victoire de prestige.
Yorfrank Perez (Montigny). Il n’a pas gagné, mais l’artilleur-vedette des Cougars a repris là où il avait laissé l’an dernier lors du match 1 contre La Rochelle: neuf manches et plus de 100 lancers, 8K, un seul point mérité. Il sera cette saison encore un des lanceurs les plus compliqués à affronter.

Batting

Hugo Blondel (Rouen). Le slugger rouennais était inarrêtable dimanche. 6 coups-sûrs en 7 présences (certes, 6 simples, mais c’est quand même pas mal), 2 buts sur balles pour couronner le tout, il s’est régalé face au pitching de Sénart.
Mateo Algeni (Metz). Le catcher des Cometz a joué un rôle majeur dans la victoire de son équipe dans le match 1, en produisant le 1er point du match, puis en cognant un triple retentissant qui fut au cœur de la poussée victorieuse de 3 points dans la 8è manche.
Jacob Defries (Rouen). Le nouvel arrêt-court des Huskies a fait parler sa puissance avec 1HR (le seul de cette journée) et 5 RBI.

Crédits Photographiques : Club, Julien Bario