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Rouen 2 Savigny 0

La machine rouennaise

Inexorable… La machine de guerre des Huskies s’est mise en marche depuis le début des play-offs. Avec cette stupéfiante capacité à tout renverser quand il le faut, à jaillir dès que l’adversaire relâche ne serait-ce qu’un petit instant la pression, à frapper sans pitié quand l’ouverture se fait.

Savigny pourrait mener 2-0, et pas grand monde aurait quelque chose à dire. Les Lions mèneraient même sans doute 2-0 contre n’importe quelle autre équipe. Mais pour faire toucher terre à des Huskies en mode finale, il faut quelque chose d’autre, quelque chose de plus. Il faut surtout suivre deux principes : saisir toutes ses opportunités, et ne pas en donner aux rouennais.

Hélas, c’est le contraire qui est survenu pour les Lions.

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Offensivement, tout d’abord. Dans le match 1, ils avaient l’occasion de briser le rythme des Huskies et de prendre les devants en 7è manche. Un point de retard, les buts remplis, un seul retrait, et le releveur Will Moscato qui vient de donner deux buts sur balles aux deux premiers frappeurs qu’il a affrontés. Un lancer plus tard, Axel Amoros frappe dans un double-jeu qui met fin à la manche et aux chances de son équipe. Dans le match 2, en 8ème manche, Rincon est posté en deuxième base avec un seul retrait, mais il se fait prendre sur la line-drive de Dahan attrapée de volée par Dagneau pour un autre double-jeu, alors que le score était de 3-3. Défensivement, ensuite. Savigny mène 3-1 en 7ème manche du match 2, les Huskies ont les buts remplis avec deux retraits, Brainville frappe un roulant à Gonzales mais Coste, sans doute diminué par une blessure, ne parvient pas à se saisir du lancer, deux points viennent marquer, c’est l’égalité. Une autre erreur en 8è ouvrira les portes à la poussée de 4 points des Huskies.

Ce n’est pas grand-chose tout ça, quelques détails, quelques soucis de concentration. Mais cela a suffi à faire basculer la finale 2022.

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Savigny a pourtant tout fait pour poursuivre sur sa lancée de 13 victoires consécutives. Dans le match 1, les Lions ont sauté à la gorge de Gomez pour mener 2-0 dès la première manche. Tout au long des 6,1 manches de travail du gaucher des Huskies ils ont mis la pression, avec à chaque fois des coureurs sur base, mais le coup-sûr décisif n’est jamais venu. La défense rouennais a tenu bon, s’est montré très solide derrière un lanceur qui n’était pas à son meilleur. Et les bâtons rouennais ont, petit à petit, fait vaciller un Gédéon Coste moins à l’aise que face à La Rochelle et aux prises avec ses récurrents problèmes de contrôle (5 BB en 4,1 manches). C’est même un but sur balles avec les buts remplis, en 2ème manche, qui a conduit au premier point des Huskies. Les Huskies ont crée l’égalité en 4ème manche sur la 1er des trois hits de Vissac. Le 9è frappeur des Huskies a été au cœur de la victoire avec 3 en 3, 1BB et 3 RBI. Puis à chaque manche, les Huskies ont rajouté des points. Des ballons-sacrifices de Blondel et Brainville des simples de Gleeson et Lefèvre, c’est toute la profondeur du line-up des rouennais qui s’est exprimée dans ce match 1. Il y a eu bien cette alerte en 7ème manche, la poussée de trois points de Lions face à un Gomez à bout de force et un Moscota ayant perdu son contrôle, mais les rouennais ont gardé les devants et aussitôt rajouté des points. Van Steensel, qui semble ressembler enfin à un closer, est venu fermer la porte pour la victoire des Huskies. Des Huskies qui n’ont pas pour habitude de gagner le premier match d’une finale : 8 victoires, 8 défaites avant le rendez-vous de samedi. Ils sont encore plus dangereux et favoris pour la suite quand ils y parviennent.

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Dans le match 2, coach Salado a décidé de sortir la surprise du chef, le jeune vénézuélien José Guzman (international U23), arrivé la semaine dernière pour palier à la blessure de Lilian Amoros. Un pari gagnant pendant 6 manches. Les Huskies ont été totalement dominés par le droitier, avec une rapide très performante, des effets bien maîtrisés et des excellentes variations dans les choix de ses lancers. Gardés totalement hors d’équilibre, les rouennais se contentaient de frapper plus souvent qu’à leur tour de faibles roulants qui ne posaient guère de problèmes à la défense des Lions, quand ils n’étaient pas retirés sur trois prises (9K pour le lanceur des Lions).

Pendant ce temps Savigny reprenait là où il avait laissé la veille : en mettant beaucoup de pression sur le pitching rouennais. Quentin Moulin parvenait à s’en sortir de justesse pendant les trois premières manches, avec 5 coureurs laissés sur les sentiers, mais il cédait en 4ème, remplissant les buts avec un seul retrait, sur un double, un BB et un HP. Boris Marche ne voulait pas en voir plus et faisait appel à son homme de confiance dans ces situations, Esteban Prioul. Mais le grand gaucher rouennais connait quelques difficultés dans ses relèves ces derniers temps. Il concédait un simple à Ruiz pour le premier point, un BB à Gonzales pour le 2ème point, puis, après un deuxième retrait, Jacques Boucheron faisait ce qu’il fait depuis plus de dix ans, produire dans les moments importants, frappant le hit donnant les devants 3-0 à son équipe.
Prioul allait se ressaisir et fermer la porte par la suite. Dans les 4 manches suivantes, il n’allait rien donner ou presque (un HP, un BB) aux Lions. Il gardait son équipe dans le match, à portée de l’adversaire, et cela allait un rôle très important par la suite.

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Pendant ce temps, Guzman déroulait et on ne voyait pas trop comment Rouen allait pouvoir redresser la barre. La finale reprenait des couleurs, on se dirigeant vers un 1-1 et un deuxième week-end chaud en suspens. Et puis est arrivée la 7ème manche. Le bas de line-up des Huskies, performant tout au long du week-end, allait se mettre en marche avec trois hits de Bert, Harrison et Vissac. Gleeson produisait le 1er point sur un roulant en 2ème base, avant l’erreur coûteuse de Coste. 3-3, tout était à refaire.

En 8ème, Dagneau était sauf sur une erreur, puis Blondel atteint par un lanceur. C’en était fini pour Guzman et Paredes était appelé en relève, comme en ½ finale. Mais cela s’est moins bien passé. Le lanceur des Lions jouait mal un bunt de Lefèvre, relayant trop tard en 1ère base et les buts étaient remplis. Un but sur balles au frappeur suivant, Bert, donnait les devants aux Huskies. Savigny pouvait s’en tirer quand Harrison frappait dans un double jeu parfaitement exécuté par le marbre par Gonzales. Puis Vissac frappait un ballon hors-ligne capté par Coste. C’était le 3ème retrait ? Non, car l’arbitre appelait une interférence du catcher. Les buts étaient remplis, Gleeson frappait un simple qui vidait les sentiers (après une réaction un peu trop lente de la défense des Lions pour ramener la balle dans l’infield). 7-3, la messe était dite. Rouen avait frappé.

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Bien-sûr, une finale n’est jamais terminée tant que le dernier retrait n’est pas achevé. Savigny va pouvoir invoquer les mânes de 2004, quand les Lions s’étaient inclinés deux fois chez eux contre les Barracudas avant de balayer le match retour à Veyrassi. Mais que ce sera dur d’accomplir le même exploit contre Rouen… Savigny pourra compter sur le retour de Pierre-Emmanuel Planes, qui a beaucoup manqué tout au long du week-end, comme Zan ou Pontiac avaient manqué à Montpellier. C’est aussi une des forces des rouennais de se trouver très rarement à court d’effectif quand vient le temps des matches décisifs.

Savigny peut y croire, bien sûr. Peut-être que Guzman va aller chercher le match de samedi, Paredes celui de dimanche et que tout se décidera dans un 5ème affrontement. Mais des Huskies qui tiennent leur proie ne le lâchent pas si facilement. Rouen a gagné pratiquement sans les bâtons de Dagneau (1 en 9), Hernandez (2 en 7) ou Brainville (2 en 8). Si ces trois-là se mettent en marche, on ne voit pas trop qui pourrait empêcher Rouen d’aller peindre une 17ème date sur le mur où ils compilent leurs titres.

François Colombier
Credit Photos : Glenn Gervot

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