BTVF : Qui êtes-vous Jean Christophe Delisle ?
J.C.D : Je suis né en 1966 à Rouen , j’ai grandis dans un labo photo argentique avec mon frère ainé lui même photographe . J’ai passé mon CAP photo et labo en 1988 souhaitant à l’époque m’instiller en indépendant . J’ai de front eu deux activités professionnelles , l’hôtellerie restauration et la photo, pas facile me direz vous ? Et bien oui …J’ai mis entre parenthèses la photo professionnelle lors de la sortie du numérique ayant de fait perdu une grosse partie de ma clientèle pro qui était des agences de com. J’ai continué les portraits en studio ce qui me plait le plus. Ma vie pro et perso m’ont emmené à m’établir dans l’hexagone , ainsi qu’au Canada et en Ukraine où j’ai participé en tant que photographe à plusieurs missions humanitaires sur la zone de front dans le Bombas de 2014 à 2019. Le baseball : je suis au comité directeur des Huskies de Rouen depuis 2017 et partenaire sur la partie photo du club.
BTVF : Le noir et blanc est votre crédo en photographie, comment l’expliquez vous ?
J.C.D : Il est mon crédo sur le portrait en studio; pour le sport à des fins de com c’est pas toujours facile.
C’est une histoire d’amour… et une histoire de gout , mais aussi une histoire de magie : quand je travaillais en labo , le bonheur de voire ton image apparaitre petit à petit dans les bacs , la précisions qu’il fallait avoir dans les calculs d’expositions…. Pas comme aujourd’hui ou tu peux récupérer une photo moyenne assez facilement .
Je trouve que le noir et blanc a à lui seul les capacités de sublimé les lumières , les ombres et de faite les expressions et émotions qu’on souhaite mettre en valeur. Les contrastes ressortent ou sont atténués en fonctions des désirs du photographe ou du modele . En couleurs il n’y a pas d ‘intermédiaire , par contre le spectre pour aller du blanc au noir est immense . Pour moi la couleur est un parasite à l’émotion.
BTVF : L’avènement du numérique a chamboulé vos habitudes de prise de vue et de développement, comment le vivez vous ?
J.C.D : J’ai tout d‘abord été dégouté , car a sa sortie le numérique m’a fait perdre mes principaux clients , du coup j’ai persévérer sur le portrait et laisser tomber la photo de composition pour la com ( remplacé par les banques de données numérique ) et aussi il n’y avait que peux de temps que je m’étais équipé correctement en Nikon pro mais argentique . Peu de Pro à l’époque ont vue venir cette révolution , en tout cas à pas à cette vitesse. J’ai du coup mis un temps ( assez long ) avant de venir vers le numérique et m’équiper sur une gamme complète . Pour la prise de vue effectivement c’est plus cool car pas de restriction sur le nombre de prise de vue , quand on doit manger des pellicules 36 vues en pagailles ça fait réfléchir lol. )))
Le passage impliquait également un équipement informatique et formations aux nouveaux logiciel , mais bon , en terme de développement durable c’est quand mémé beaucoup plus propre que les bains chimique qu’on utilisait avant . Je continue sur la prise de vue à travailler sur des bonnes préparation , donc sans rester le doigt coincé sur le déclencheur .
BTVF : Spécialisé dans le portrait, vous aimez photographier l’humain, comment définissez vous la photo qui fera la différence ?
J.C.D : C’est assez complexe et simple parfois ! Il y a celle qu’on ressent direct à la prise de vue , on sait qu’elle sera bonne quand on déclenche , la lumière , l’expression , les ombres , le regards ou pas … beaucoup de paramètres . Ce qui implique quand, il n’y a pas « le coup de foudre « , un travail par étape, par élimination, déjà des ratés techniques , flash qui ne part pas , l’oeil fermé … puis une première sélection, celle qu’on a envie de travailler , puis une seconde ou je me met à la place de mon client de ce qu’il recherche , puis une autre ou je sélectionne celles qui me parlent , et oui quand on me parle je voie des images et quand je voie une photo ça me parle ou pas . Cela ce fait en plusieurs jours , je ne décide jamais au premier oeil du choix définitif, on retrouve des perles souvent qq jours après . Il faut aussi savoir répondre aux attentes du modèle , ce qu’il veux et recherche , ce qui implique un bon entretien avant le rendez vous de prise de vue .
En ce qui concerne le sport ; il y a quand même une bonne part de chance , avoir le bon objectif sur la bonne action … celle qui fera la différence sera celle qui rappellera a celui qui la regarde l’émotion qu’il a ressenti dans cette action .
BTVF : Le baseball est rentré dans votre univers et vous suivez assidument les équipes de Rouen Huskies, comment aborder vous les spécificités de la photo sportive et notamment en baseball ?
J.C.D : Oui je suis revenu au baseball dés mon retour sur Rouen lorsque j’ai vue que pas mal d’anciens étaient toujours là à la direction , dont les frères Rolland , je me suis ensuite impliqué au comité directeur et bien sur à la photo en partenariat pour le club , pour la com , les photos officiels … mais avec du matériel spécifique de studio pas toujours évident , je me suis donc équipé en fonction des besoins spécifiques pour la photos de match , la connaissance du jeu m’a bien sur aidé à anticiper les phases de jeu possible , mais c ‘est pas toujours gagné , l’objectif n’est pas toujours au bon moment au bon endroit de l’action. Le fait de travailler en vif n’est pas un problème pour moi , car je n’ai pas toujours travaillé qu’en studio , et le reportage en live est très excitant par l’incertitude de bon moment , c’est fort en adrénaline
BTVF : Que pouvons-nous vous souhaitez ?
J.C.D : Garder le bon oeil
Avoir une super saison de baseball et une belle coupe d ‘Europe à Rouen . Continuer à me faire plaisir en travaillant , et que l’on n’ai plus besoins de moi sur des zones de conflits … que la photo ne soit là que pour la beauté du jeu , de la vie, des personnes et non la bêtise humaine.
Propos recueillis par Didier Cannioux