Menu

Focus sur les joueurs étrangers

Première remarque sur les joueurs étrangers*, ils ont très largement dominé la position d’arrêt-court, avec 86 % des manches disputées : Crawford à La Rochelle, Ruiz à Metz, Velazquez à Montigny, Bustamante / Spring à Montpellier, Defries à Rouen, Tissera à Savigny, Perdomo à Toulouse n’ont laissé que peu de miettes aux joueurs français. L’exception vient de Sénart avec un grand ancien, Felix Brown et un petit nouveau Tristan Laufebuchler. Mais dans l’ensemble ce manque de profondeur made in France à ce poste demeure très préoccupant. Il y un certain équilibre dans trois autres positions : receveurs, première base et troisième base, avec une répartition légèrement favorable aux joueurs, mais on voit que ce sont des positions importantes, et que la France a du mal à produire des talents qui s’imposent avec régularité. Les Bleus sont plus présents en deuxième base et au champ extérieur en général.

image

Là où on peut être inquiets, c’est sur la domination statistique des étrangers. Quelque part, c’est normal, si on fait venir des « imports », c’est pour qu’ils aient un impact, et ça prouve que les recrutements sont réussis. Mais on aimerait bien aussi voir plus de français dans le top-10 des principales catégories statistiques.

Ce n’est pas trop mal pour les RBI, avec 5 Français dans les 10 meilleurs (mais le 1er n’est que 5e), ou pour buts volés, là aussi 5 Français. C’est bien plus compliqué pour la moyenne offensive (3 Français), la puissance (3 Français), l’one-base (3 Français), l’OPS (3 français). Ils sont également 3 dans le top-10 des plus faibles pourcentages de strike-outs. Si on regarde quelques statistiques avancées, notamment le Babip (moyenne sur les balles mises en jeu) on retrouve encore 3 Français ou 2 sur le Woba (moyenne d’one base pondérée). Les seules catégories où un Français figure en première place sont les nombres de doubles (Jiminian), de triples (Brossier et Brionnes), de hit-by-pitch (Kovacs), ou encore la moyenne avec des coureurs en position de marquer (Esteban). Disons que le bilan reste moyen. Le départ de Bastien Dagneau, qui était un des rares à pouvoir rivaliser avec les gros cogneurs étrangers, a certainement fait mal, mais là aussi, on attend de voir plus de français prendre les commandes de l’attaque de leur équipe. L’équipe nationale en a besoin.

image

Au niveau du pitching, on a beaucoup parlé ici des JFL et de tout le bien qu’on pense de la mesure. On sait qu’il faudra quelques années pour en recueillir pleinement les fruits, mais au moins il n’y a plus de bullpen uniquement composés de joueurs étrangers, ce qui pouvait cacher les faiblesses de certains clubs et fausser la donne. Beaucoup de jeunes bras français se sont retrouvés sur le devant de la scène. Peut-être un peu trop tôt pour certains d’entre eux, c’est possible. Il faudra suivre avec attention la progression technique et physique de ces jeunes bras, on a vu souvent pas le passé des talents gâchés par une mauvaise gestion du nombre de lancers ou de manches jouées, et la blessure de Ben Couvreur doit rappeler à chacun à quel point l’apprentissage doit être mené avec précaution.
Les lanceurs étrangers ont été dominants, à l’image de Vincent et Igami (Rouen), de Rojas (Toulouse), de Lopez (Montigny), de Canelon (Montpellier), d’Orozco (Savigny), de Paredes (Metz). Esteban Prioul confirme année après année, malgré des blessures qui l’handicapent toujours un peu, qu’il est dans les tout meilleurs lanceurs du championnat, Franklin de la Rosa a pris une nouvelle dimension cette année, Mathis Nayral, dans le court séjour qu’il a effectué en France a été très solide, et on ne peut que se réjouir d’avoir vu le match 3 de la finale du championnat être starté par deux Français (Coste et Moulin).

image

Jetons maintenant un œil club par club.

La Rochelle.

Si Gonzales a été très efficace défensivement, il n’a pas assez pesé sur l’attaque de son club, avec seulement .229 de moyenne. Ses 15 RBI sont positifs, mais il a manqué clairement de puissance au cœur du line-up des Boucaniers. Arrivé en milieu de saison, Johnston a apporté cette puissance, il fut un des bons recrutements de l’année. Crawford a connu sa plus mauvaise saison, avec un très faible .163 de moyenne. Au monticule, Izquiedro n’aura connu qu’une bonne sortie, lors de la 2e journée contre Rouen, avant de disparaitre petit à petit. Escorcha a été utile en relève, mais n’a lancé que 30 manches, ce n’est pas assez. Nieves, arrivé lui aussi en cours de saison, a apporté beaucoup en relève, sans permettre à La Rochelle de se frayer un chemin en play-offs. La Rochelle doit absolument améliorer son contingent d’étrangers la saison prochaine.

Metz.

Une réussite avec un Algeni très intéressant à la frappe, même s’il a baissé de niveau au fil de la saison, et un Ruiz toujours aussi solide, le meilleur arrêt-court de la saison. Partington a apporté des solutions grâce à sa vitesse, et Murray aura beaucoup manqué en fin de saison, au moment du sprint final. Au monticule, Paredes a apporté son expérience, Quiroz a été efficace dans des missions ingrates de relève, Priest a fermé la porte quelques fois avec succès. Au total, un bon recrutement étranger pour Metz, qui doit maintenant passer à l’autre étape : continuer à se renforcer intelligemment, tout en donnant de plus en plus de responsabilités à ses jeunes joueurs français. Les Cometz sont encore en construction.

image

Montigny.

Difficile de trouver du positif, à l’image de Lot-Martins qui a totalement manqué sa saison (.174). Velazquez fut solide en défense et en attaque (.314), mais en deçà, malgré tout, des meilleurs shortstops du championnat. Au monticule, Lopez a connu une saison moins décisive que par le passé (1,19 de ERA malgré tout, mais 53 manches seulement) et Mastre, après un début très ordinaire, a retrouvé tout son allant en fin de calendrier, mais un peu trop tard. Il va être intéressant de voir quels sont les choix des Cougars pour la D2. Un Lopez sera trop fort pour ce niveau de championnat, et il pourra certainement permettre à son club de ne pas végéter à l’étage inférieur.

Montpellier.

L’arrivée de Spring n’a pas produit tout ce qu’on pouvait attendre. Sa vitesse a été intéressante en début de championnat, mais il n’a fini qu’avec 14 bases volées, et ses erreurs en défense n’ont pas été compensées par son offensive (.282 de moyenne). Bustamante est venu en début et en fin de saison, lui aussi pas assez déterminant à la frappe (.239). C’est l’éternel Douglas Rodriguez qui a mis tout le monde d’accord, en frappant au-dessus de .400 et en étant dangereux dans toutes les circonstances. Mais sera-t-il encore un Barracuda l’an prochain ? Au monticule, Canelon semble sur le déclin, et Bello a eu le mérite de gagner la finale du Challenge, alors que Gosselin a totalement raté son année (1-5, 6,28). Les Barracudas n’ont pas réussi leur recrutement.

image

Rouen.

Le duo Smith – Defries a mis tout le monde d’accord. À l’image de tous les Huskies, le début de saison fut difficile, mais quand les deux ont embrayé, ils ont transporté le club sur leurs épaules, en puissance, en vitesse, en efficacité. Le grand québécois JC Masson a été un peu moins performant, mais il empilé les RBI avec beaucoup de régularité. Son home-run en 8e manche de la finale laisse à penser que s’il avait été aussi puissant tout au long de la saison, Rouen aurait été injouable. À noter que les Huskies avaient commencé la saison avec le vétéran canadien Mike Blanke, mais que celui-ci est retourné chez lui sans avoir joué la moindre manche, ce qui prouve que ce n’est jamais garanti de tomber sur les bonnes pièces. Au monticule, Igami a été très solide, notamment en relève, et finir la saison avec une ERA inférieure à 1 (0,97 exactement) démontre sa domination. Après un petit temps d’adaptation, Vincent a été intouchable, ou presque (0,70 de ERA, 44 K en 38,2 manches). La saison dernière, les Huskies avaient payé cher un recrutement sud-américain raté. Ils ont su redresser la barque cette année.

Savigny.

Les Lions avaient misé sur l’expérience du championnat de France : cela a été relativement efficace avec Tissera à l’arrêt-court, qui a été décisif dans quelques fins de matches, mais dont la moyenne de .243 est insuffisante. Cela a été catastrophique avec l’ancien puciste Romero au monticule, rapidement disparu de la circulation après 8 apparitions et une moyenne stratosphérique de 7,04. Les deux meilleurs étrangers des Lions ont été des habitués : Acuna, le meilleur frappeur championnat depuis cinq saisons, toujours aussi efficace, et Orozco, qui a été décisif à chaque fois qu’on a fait appel à lui, même dans des situations très complexes. Est-ce que les Lions vont tenter d’aller deux ou trois gros renforts la saison prochaine ?

image

Sénart.

C’est la filière japonaise qui s’est installé en banlieue parisienne. Ogawa a joué un rôle important, avec un très solide jeu défensif et des bonnes performances à la batte (8 doubles, .315 de moyenne). Il a même lancé quelques manches. Typiquement le profil de joueur complet qui convient à une jeune équipe. Cela aurait encore mieux si Nakamura avait pu performer un peu mieux au bâton (.273, seulement 3 extra-base hits), mais il a bien travaillé derrière le marbre. Sur le monticule, Kurima n’a pas été dominant : une moyenne de 4,80 pour un étranger, ce n’est pas suffisant. Mais il a fermé la porte au nez et à la barbe des Cougars en play-downs, et c’est ce qui comptait vraiment. Quant à l’Ukrainien Hrytishvili, il a fait partie des tout meilleurs joueurs du début de saison, avant de rentrer un peu dans le rang et surtout de connaître des sorties très pénibles au monticule.

Toulouse.

Les blessures de Rojas ont pesé lourd tout au long de la saison, d’autant plus que Garcia-Delgado, après avoir revêtu la tenue de meilleur releveur du championnat, s’est totalement effondré en fin de saison. On est fidèle dans le recrutement étranger du côté de Toulouse avec le trio Soriano – Mendoza – Perdomo. Les deux premiers ont correctement fait le travail, 300 pour Soriano, .277 pour Mendoza, mais Perdomo a connu sa plus mauvaise saison en carrière. Le Stade semble être à un tournant, ses joueurs étrangers sont vieillissants, il va peut-être falloir changer de perspective, aller chercher du sang neuf pour continuer à rester dans le top du classement.

*Nous avons pris ici uniquement les joueurs étrangers au sens « passeport », sans distinction JFL / non JFL, et nous avons uniquement considéré la saison régulière pour les statistiques

F.C.

- Publicité -