Même avec un match de moins, reporté pour cause de terrain impraticable, la dernière journée du championnat a été de nouveau passionnante à suivre. En voici les principaux enseignements.
L’énigme du leader
Un premier break est fait dans le championnat. Avec sa double victoire face à Montpellier, Toulouse s’installe comme solide leader, en laissant à deux encablures Boucaniers et Lions. Bravo aux stadistes, mais leur performance fait se gratter la tête au statisticien. Car Toulouse ne domine dans aucune catégorie statistique, ou presque. Moyenne offensive ? 4e position ; puissance ? 4e position ; on base percentage ? 2e position ; pourcentage de strike-outs ? 5e position, pourcentage de buts sur balles ? 2e position. Et quand ils sont premiers, c’est pour les doubles jeux concédés. Au pitching, même scénario : 5e moyenne de points mérités, 5e moyenne offensive contre ; 5e au strike-outs / 9 manches ; 7e aux buts sur balles par 9 manches. Et pour la défense, 3e meilleure moyenne.
Par contre, les Toulousains sont ceux qui ont tourné le plus de doubles jeux, et de loin (31 contre 24 au second, Montpellier), ils sont les seuls à ne pas avoir concédé aucun circuit, et dominent la colonne des bases volées (32 contre 28 à Savigny). Difficile donc de trouver une explication chiffrée à la domination des Toulousains, si ce n’est qu’ils ont une certaine capacité à faire mal paraitre leurs adversaires : on se souvient des 6 erreurs de Rouen dans le match 2, et les Barracudas en ont commises 8 ce dimanche. Et tout cela avec leur As, Keivy Rojas, blessé. Ce qui se dégage de ce début de saison toulousain, c’est une vraie impression de sérénité. Randy Perez ne touche pratiquement jamais à son line-up, notamment les 6 premiers frappeurs, ce qui donne confiance aux joueurs. Les Toulousains ont remporté 5 victoires par un point, ce qui signifie qu’ils savent parfaitement gérer les temps forts et les temps faibles, et que Jhon Garcia joue un rôle décisif en fin de match avec ses 4 sauvetages. Cette sérénité, elle peut se retrouver dans la réaction après la correction infligée par les Huskies (19-4). Pas de panique, d’énervement, Toulouse s’est remis au travail le lendemain et a remporté le match suivant. Au total, Toulouse fait un très beau leader, qui joue probablement au maximum de ses capacités, qui ne présente pas vraiment de très gros points forts, mais pas non plus de failles décisives. C’est tout ce qu’il faut pour aller loin.
Pas de loi des séries
Dans un championnat aussi serré, parvenir à aligner les séries de victoires consécutives n’est pas chose facile. Les Boucaniers y étaient parvenus avec un début de saison en boulet de canon, 5 victoires consécutives, mais depuis, c’est beaucoup plus difficile (1-4). Savigny a réussi à remporter trois matches de suite, mais s’est incliné dans les deux suivants. Pour la plupart des autres équipes, c’est souvent une alternance de victoires et de défaites, par exemple Rouen : W-W-L-L-W-L-W-L-L-W, ou Montpellier L-W-W-L-L-W-L-W-L-L. On en revient donc à Toulouse, qui est pour l’instant sur une série en cours de 5 victoires d’affilée. On verra lors de leur déplacement à Metz, le 26 mai prochain, s’ils parviendront à passer la 6e. Du côté des défaites, Sénart a commencé la saison avec 4 échecs consécutifs avant de se reprendre (3-1 dans les matches suivants) et Montigny a mis un terme à son triste 0-6 en battant Rouen.
Que deviennent-ils ?
Faut-il commencer à sérieusement s’inquiéter pour les deux finalistes du championnat 2023 ? C’est très dur pour Montigny, avec une offensive faible et un pitching qui ne tient pas la route (6,23 de ERA contre 3,78 l’an passé), en dehors de Y.Lopez, bien sûr. Le sursaut en fin de 1er match contre les Huskies a évité le pire, mais si les hommes de Dylan Mayeux n’augmentent pas leur niveau de jeu, ils risquent de connaître bien des frayeurs d’ici la fin de saison. Montpellier souffre évidemment de la saignée subie à l’intersaison et de la blessure de Ben Couvreur. Canelon ne peut pas tout faire tout seul, Gosselin n’a pas du tout le même rendement que la saison dernière, l’attaque ne produit pas grand-chose en dehors de quelques frappeurs. Les Barracudas sont encore dans la course pour les play-offs, mais leur niveau général semble bien inférieur à celui de l’année dernière.
Regards statistiques sur les JFL
Avec la petite trêve du Challenge de France, il est intéressant de jeter un œil sur les chiffres des lanceurs JFL / Non JFL. Pas de surprise, évidemment, les non-JFL dominent dans la plupart des catégories statistiques, et après tout, ils sont payés pour ça.
Mais on constate toutefois que les JFL s’en tirent bien dans certains domaines. Ils ont, déjà, un meilleur ratio victoires / défaites, ont plus de départs de qualité et ont concédé moins de balks. Dans ce dernier cas, les mauvais esprits pourraient dire qu’il s’agit d’une question d’adaptation à l’arbitrage made in France. Mais, surtout, les JFL ont démarré plus de matches et lancé plus de manches, ce qui était exactement le but recherché.
Avec le temps, et l’expérience acquise, on verra certainement les écarts statistiques se resserrer entre les deux clans. On suivra avec attention ces évolutions au fil des mois.
Lexique :
W : Victoires ; L : Défaites ; ERA : Moyenne de points mérités ; GS : matches débutés ; IP : manches lancées ; BAA : moyenne offensive des adversaires ; WP : mauvais lancers ; HB : frappeurs atteints ; BK : feintes irrégulières ; QS : départs de qualité (au moins 6 manches et moins de 3 points concédés) ; SLGOpp : moyenne de puissance des adversaires, (elle est très bonne pour les non-JFL, au-dessus de la moyenne pour les JFL) ; OBPopp : moyenne de présences sur les sentiers des adversaires (elle est excellente pour les non-JFL, moyenne pour les JFL) ; OPSopp : moyenne puissance + présence des adversaires (elle est moyenne pour les non-JFL, mauvaise pour les JFL) ; WHIP : moyenne at bat + hits des adversaires par 9 manches (elle est moyenne pour les non-JFL, très mauvaise pour les JFL) ; K/9 : nombre de strikes outs lancés par 9 manches (il est au-dessus de la moyenne pour les non-JFL et faibles pour les JFL) ; BB/9 : nombre de buts sur balles concédés par 9 manches (il est médiocre pour les non-JFL, très mauvais pour les JFL), FIP : une stat avancée qui estime la performance du lanceur sans tenir compte de la défense (elle est très bonne chez les non-JFL, très mauvaise chez les JFL), LOB% : détermine l’efficacité des lanceurs avec des coureurs sur base (elle est en dessous de la moyenne pour les non-JFL, très mauvaise pour les JFL) ; %K : le pourcentage de strikes par rapport au nombre total de lancers.
Retours attendus
Avec la fin des saisons collégiales aux USA, le portrait de plusieurs équipes va se modifier. Voici les joueurs qui pourraient venir renforcer leur équipe dans les prochains jours / prochaines semaines :
- Metz : J.Paula (.297, 8HR, 44 RBI en NAIA)
- Montpellier : J.Monks (.185, 2HR, 9 RBI en NCAA D2), M.Zan (.283, 3HR, 26 RBI en NAIA).
- Sénart : V. Blanc-Jouvain (6-4, 5,02 ERA en NJCAA D1), M.Nayral (4-3, 5,20 ERA en NJCAA D1), T.Meurant (0-1, 9,00 ERA en NJCAA D1), P.Doat (.206, 1HR, 6 RBI en NJCAA D1), M.Meurant (.374, 5HR, 49 RBI en NJCAA D1).
- Toulouse : K.Esposito (11-2, 4 sv, 3,22 ERA en CCCAA).
Tout cela sans parler des « japonais » Q.Moulin, N.Antoine et M.Lopez, qui ne seront sans doute pas disponibles avant septembre, de T.Mercadier qui vient de s’engager avec les Capitales de Québec et bien sûr de M.Lacombe qui poursuit son apprentissage du côté des filiales des White Sox.
Les podiums
Batting
- Liam Navarro (Toulouse). Il est un pilier de l’attaque toulousaine, un redoutable 5e frappeur, qui a fait très mal aux Barracudas avec une performance de 6 en 8 et 5 RBI, décisif en 3e manche du match 1 avec un simple de 2 points ou encore dès la 1re manche du match 2 avec un simple de 2 points.
- Douglas Rodriguez (Montpellier). Match après match, il confirme qu’il reste un des meilleurs frappeurs du championnat, comme en témoigne de 5 en 10 avec 3 RBI, insuffisants toutefois pour éviter une double défaite aux Barracudas.
- Francis Lassaline (Montigny). Une éclaircie dans le ciel un peu sombre des Cougars : son walk-off double décisif en 9e manche qui fait marquer le point de la victoire. Au total, une belle journée au bâton avec 4 en 8.
Pitching
- C.Esteban (La Rochelle). Décidément toujours très solide, il a su tenir en respect la puissance attaque des Lions : 6,1 IP, 1 seul point mérité, 2 petits hits et 6 strike-outs. Du travail d’artiste.
- Jhon Garcia (Toulouse). Deux saves dans la même journée, il faut avoir le bras et les nerfs solides ! Il s’est donné quelques frayeurs dans le 2e match, avec deux simples et un but sur balles, mais a su finir le travail.
- Yorfrank Lopez (Montigny). Il domine le line-up des Huskies depuis plusieurs sorties, et l’a confirmé avec 7 très bonnes manches, 1 point mérité, 6K et 2 hits.
François Colombier
Crédits Photographiques : F.Volpato, Clubs