Mathis Meurant, Arizona Dream

Douglas est une ville perdue en plein désert américain.
Un mur coiffé de barbelés coupe l’agglomération en deux et matérialise la frontière avec le Mexique. C’est là qu’a été tourné le film Arizona Dream. À une douzaine de kilomètres à l’ouest, le campus de Cochise College et son équipe de baseball : les Apaches.
le 15 août 2022, Mathis Meurant, alors âgé de 18 ans, y a posé ses bagages.Le rêve de beaucoup de jeunes Français, mais pas que… Nombreux sont les étudiants qui rêvent de la MLB et il faut se faire une place. Avec la meilleure batting average de l’équipe, et second en slugging average, Mathis s’impose.

Pour Baseball TV France, il brise les mythes et nous livre ses impressions sur cette aventure :

Je suis un freshman donc un « Rookie », et j’appréhendais beaucoup à mon arrivée à Cochise, mais j’ai la chance d’être avec mon frère Tanguy et d’être mentoré par Mathias Lacombe qui avait déjà passé un an l’année dernière, ça me rassurait. La barrière de la langue a été difficile au début pour communiquer avec tous les autres joueurs, mais ça a été au fur et à mesure.

L’année est séparée par deux semestres. Le premier semestre s’appelle la « fall », c’est la période où nous nous entraînons intensément. C’est une période d’août à décembre durant laquelle tu dois prouver que tu peux faire partie de l’équipe des Apaches de Cochise pour la saison.

Une journée type pendant cette période : réveil à 5h20, morning run à 5:30, de 8h à 13h classes, entraînement de baseball 14h à 17h, étude de 18h30 à 19h30, musculation de 19h30 à 20h30.
La seconde partie de l’année est la saison régulière où nous avons deux matchs les mardis et les samedis généralement. Les autres jours nous avons des journées un peu plus tranquilles que pendant la fall c’est à dire sans morning run à 5h30 !!

On est situé un peu dans le désert, il n’y a pas grand chose à faire aux alentours de notre campus. Les seules sorties que nous faisons sont pour aller au centre commercial qui se situe à 15 minutes en voiture. On a des maisons de 8 dans le campus où nous sommes qu’entres baseballeurs. Concernant la restauration, nous disposons d’une cafétéria qui se trouve sur le campus.

Sachant que je suis en Junior College, nous avons des structures basiques et deux cages de frappe. Nous disposons depuis cette saison d’un beau terrain en synthétique sur lequel on s’entraîne et on joue.

J’ai été surpris sur le fait que tout se fait en voiture ou en bus, c’est presque le seul moyen de transport, il n’y a peu de train ou de métro, en tout cas là où je suis. Faire 4 heures de route ce n’est rien ici.

La conférence ACCAC, en Arizona où je suis, est réputée pour être la meilleure division de JUCO Division 1. Nous sommes la seule conférence à frapper en bois. Tous les lanceurs sont en moyenne a 90mph. Je pense que Mathias [Lacombe], est le lanceur qui lance le plus fort de notre conférence en lançant à 98mph.

Mathias est un lanceur dominant qui attire beaucoup l’œil des recruteurs pour le moment. Je lui souhaite le meilleur parce qu’il le mérite. On donne 100% pour être le meilleur joueur qu’on puisse être, on verra ce qui se passera par la suite !

Tous les joueurs ici espèrent une carrière professionnelle.

Mon rêve ultime est de signer un contrat professionnel avec une franchise MLB. S’engager dans une D1 est un projet que j’espère également et que j’envisage.

La plupart de nos matchs à l’extérieur se font à Phœnix, qui se situe à 4h de bus de Douglas. Nous ne nous déplaçons qu’en bus. Nous restons pour l’instant en Arizona sur tous nos déplacements. Cependant si on atteint les playoffs et qu’on gagne notre conférence en Arizona, les world series se font à Grand Juction dans le Colorado.

Avec le peu d’expérience que j’ai pour l’instant, je dirai qu’en fonction des deux périodes, l’état d’esprit est différent. Pendant la fall, on a plutôt un objectif individuel, tout le monde veut prouver qu’il mérite de faire parti du groupe. Pendant la saison c’est différent, on a un objectif collectif, former un groupe pour gagner la saison etc.

Concernant la façon d’aborder l’entraînement, la différence qui m’a le plus marqué avec le baseball français est qu’ici , aux États Unis, c’est plutôt « marche ou crève » et tout le monde est concurrent avec tout le monde, tout le monde veut être le meilleur, ça pousse tout le monde à se surpasser. En France on est un peu plus soft selon moi.

Ce qui me fait le plus progresser ici, c’est la quantité de matchs que nous jouons. Nous avons 60 matchs pendant la saison, c’est presque trois saisons en France.

A chaque match que nous faisons, il y a toujours des scouts.
Deux universités D1 m’ont déjà contacté et une organisation professionnelle m’a contacté également.

Si je devais donner un conseil à un Français qui veut vivre la même expérience c’est de travailler dur et toujours essayer de se surpasser. Un autre conseil serait de bien maîtriser l’anglais avant d’arriver, même si au fur et à mesure, l’anglais s’apprend vite en pratiquant sur place. Je vis une expérience de fou ici et je souhaite à tous les jeunes joueurs français de vivre cette expérience.

C’est une expérience que je n’oublierai jamais et qui me sera plus que jamais utile en tant que joueur en France mais aussi enrichissante humainement parlant.

Merci à Mathis Meurant pour sa disponibilité et sa gentillesse.

Propos recueillis par Thomas Houlez

Photos Cochise USA : www.phrakephotography.com

Photos Templiers de Sénart FRANCE : Frederick Launay