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Julian Dodwell

« Sir » Julian Dodwell, la royale soixantaine, au physique entre James Bond et un deuxième ligne, avec ce quelque chose de Richard Chamberlain, vient d’être élu au « Hall of Fame » du baseball britannique. Le grand gaucher, installé en France depuis de longues années, figure emblématique des Boucaniers de La Rochelle, se confie à BaseballTV.

Bonjour, je m’appelle Julian Dodwell, né le 14 mars 1962, à Chester, en Angleterre. J’ai vécu, travaillé et joué en Angleterre jusqu’à ce que j’aie l’opportunité de jouer au baseball à Melbourne en Australie en 1986
contre des joueurs de la ligue majeure qui durant l’été australien poursuivaient leur développement. Ce fut une réelle opportunité de jouer en continu tout au long de l’année et à mon retour en Angleterre.
En 1987, j’ai décidé d’aller à New York où vivaient mes amis et de continuer à jouer à Brooklyn.

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Avec Pablo Ossandon – Boucan’s Field La Rochelle.

  • Julian, comment as-tu découvert le baseball ? Quel est ton premier contact avec ce sport ? Premier club ?

J’ai découvert ce sport grâce à mon frère dont le père d’un ami jouait à Londres. C’était un militaire qui jouait contre les bases militaires américaines en Angleterre ainsi que des équipes anglaises. Le baseball existe depuis longtemps en Angleterre. Dans les années 1920, 20 000 personnes ont assisté à la finale au stade de la ville de White, qui a également accueilli les jeux olympiques. L’Angleterre connaît donc le baseball depuis plus de cent ans. Tottenham, mon équipe de football préférée, avait un club de baseball, tout comme Liverpool et de nombreux autres clubs de football. Après la grande guerre, le déclin a commencé et outre manche, la baseball n’a depuis jamais vraiment été un sport majeur.

  • Pourquoi es-tu « tombé amoureux » de ce jeu ? Quelles sont tes expériences en Angleterre ?

Le moment où j’ai commencé à frapper « line-drive » comme à l’entraînement sans faire d’effort particulier, fut le moment où j’ai compris que c’était mon sport. Mon expérience du baseball senior a commencé à l’âge de 15 ans, on m’a demandé de jouer pour une équipe senior appelée les Wokingham Monarchs. Mes parents ont dû signer un formulaire de renonciation à l’assurance parce que j’étais mineur. Après cela, j’ai joué pour les Sutton Braves, les Barnes Stormers, les London Athletics et enfin les London Warriors. La ligue nationale semi-professionnelle a été formée je pense vers 1988 et j’ai dirigé cette équipe et nous avons remporté le championnat en 1989. On jouait les samedis et dimanches pour cette ligue du sud de Londres.
J’ai joué mon premier match international à 18 ans en Belgique, l’organisation à cette époque était plutôt légère et nous avons dû payer pour voyager là-bas, aucun financement n’accompagnait les joueurs, ce qui démontre que le baseball doit être un sport olympique.

  • Tes meilleurs souvenirs ?

Jouer devant beaucoup de public. Gagner le titre de meilleur frappeur à deux reprises a été une excellente étape ainsi que le titre de champion de la ligue nationale. Notre mentalité de guerrier nous a également permis de remporter le titre à plusieurs reprises.

  • Qui sont tes joueurs de référence en Angleterre en France ?

À l’époque, j’avais un coéquipier appelé Alan Bloomfield avec qui je suis allé en Australie, il était et est toujours considéré comme le meilleur joueur anglais de l’époque. En France, il y a trop de bons joueurs pour les nommer spécifiquement, mais les joueurs français « de souche » sont à leur meilleur niveau et pour certains, comparables aux étrangers.

  • Meilleure équipe aux USA ?

L’équipe que je suis aux « States » est celle des Athletics d’ Oakland. C’est une affaire sentimentale, depuis que mon père est revenu d’un voyage d’affaires en Californie quand j’avais neuf ans et m’a donné une casquette simple A. image
Oakland – RingCentral Coliseum.

  • Comment as-tu grandi dans le baseball américain ? Pourquoi ? expériences ?

Jouer à Brooklyn était super, la ligue était pleine de joueurs qui avaient joué jusqu’en AAA et qui avaient décidé qu’ils ne feraient pas la maille face aux plus jeunes. Brooklyn, comme vous le savez, était le quartier des Dodgers et l’équipe avait toujours une affiliation avec sa grande soeur de L.A. Je suis allé à NY pour continuer mon baseball car en Angleterre, il n’y avait pas assez de matchs pour conserver mon niveau.

  • Après cette première période à l’étranger, qu’as-tu décidé de partager en France et pourquoi ?

Quand je suis arrivé à La Rochelle, les Boucaniers étaient au niveau régional, ce qui était bien en dessous de leur niveau actuel. Maintenant, nous avons grandi en tant que club pour devenir l’un des meilleurs de France. Pascal Regnier le « PREZ » a été le moteur du club et sans lui rien n’aurait existé comme aujourdhui. Quand j’ai vu le terrain pour la première fois, j’ai été étonné d’en voir le développement. Nous n’avions rien de semblable en Angleterre et nous n’en n’avons toujours pas. Avec la promotion chaque année de l’équipe première et les tournois CBLE, La Rochelle s’est érigée « en haut lieu du baseball ». Le développement était quelque chose que je savais que nous allions faire, la construction des tribunes et du stand faisait partie intégrante pour amener le CBLE et les « matchs des étoiles à La Rochelle ». Je suis persuadé que le public continuera de croître.
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Montigny – D2 2014

  • Tu es en LR depuis quelques années raconte-nous ?

Je suis venu en France pour rénover une maison pour un client après quoi j’ai décidé de rester, surtout après avoir trouvé le club. Je travaille dans le bâtiment depuis 2004, d’abord en Vendée, puis à La Rochelle que je considère comme chez moi. De surcroît, j’ai rencontré l’âme soeur, ici à La Rochelle.

  • Comment vois-tu le baseball français ? La tactique a toujours été pour toi une partie intégrante du jeu, quelle est ta façon préférée de t’imposer sur le terrain ?

J’ai regardé le dernier championnat d’Europe et j’ai été déçu que la France soit reléguée dans la poule B. Perdre de moins de deux points a fait une différence globale dans les positions finales de la poule. Peu de choses ont fait une énorme différence pour l’avenir du sport en France. Il n’y a pas de manières spécifiques de jouer, chaque terrain peut changer le jeu mais plus vous êtes réactif ou préparé à chaque instant, plus vous et votre équipe aurez de bons résultats. La répétition des « bases » est cruciale pour votre développement en tant que joueur. Trop de gens veulent écraser la balle lors de la frappe alors que parfois une fusée éclair peut détruire 8 manches parfaites. C’est la cruelle beauté de notre sport ! La qualité du « monticule » sera toujours la contribution la plus importante au baseball, mais si vous ne marquez pas un point, vous n’avez aucune chance de gagner. Ici en France, vous voyez un lanceur peut-être trois ou quatre fois, vous n’obtiendrez pas ce luxe en MLB.
J’aime que les joueurs maîtrisent leurs bâtons et dictent leur temps lors de l’affrontement. Les lanceurs devraient également établir leur temps. Une base à la fois est assez bon pour moi, sacrifier les coups sûrs et les courses et le vol font partie du jeu, les coups de circuit sont pour la MLB, agréables à regarder mais faibles sur l’éthique de l’équipe, bien que j’aime un triple de temps en temps.

  • Le baseball est un jeu mental. Quelle est ta façon préférée de gagner ?

Oui, le baseball est un jeu tactique. Utiliser ce que vous avez au maximum est le meilleur moyen de gagner, les joueurs se déplaçant toujours sur le terrain, couvrant tout lorsque la balle est en jeu, voilà une bonne attitude, ou n’insistant pas lorsqu’une erreur est commise. Temporiser. Le baseball est un jeu d’équipe joué par des individus, qui pour le moment peuvent contribuer en faisant ou non quelque chose, si le jeu n’est pas là, cela peut être pour le joueur suivant et ainsi de suite. Ma façon préférée de gagner est de regarder un joueur qui n’est peut-être pas aussi naturellement doué que son adversaire mais qui utilise sa capacité à surmonter le problème. En tant qu’entraîneur, c’est ce que j’apprécie le plus. Je me souviens quand La Rochelle a joué pour la première fois en D1, des visages anxieux, un an après on est en dixième manche contre Rouen, on leur donne du fil à retordre, on perd… Mais là tu as un exemple de progression.

Propos recueillis par Vincent Picard.

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