Menu

Gaétan Alibert

BTVF : Qui êtes vous Gaétan Alibert ?

G.A : Que dire sur ma personne… je vais sur mes 43 ans, je vis dans les Yvelines avec ma compagne et ma fille, et je suis fonctionnaire de police spécialisé dans les violences sexuelles, sexistes et conjugales. Au niveau baseball, j’ai plusieurs casquettes. Une part de mon temps libre est consacré à divers sites et podcasts auxquels je collabore et d’autres que j’ai créé. Après avoir fait débuté sur Honus, j’ai rejoint The Strike Out, le podcast Hype et le site spécialisé dans la culture du sport, Ecrire Le Sport. Parallèlement, j’ai créé un site sur le cricket en 2015, Esprit du Cricket, et un podcast sur le baseball en 2020, Culture Baseball.

Je fais aussi le community manager de certains de ces sites ainsi que pour le compte fan français des Yankees sur Twitter, que j’ai créé il y a plus d’un an, @FrYankees, et Baseball Féminin en France sur Facebook et Twitter. Enfin, depuis l’année dernière, j’ai rejoint comme bénévole la Fédération Française de Baseball Softball dans le cadre de la commission Mémoire Fédérale et auprès de la commission de Discipline sur ce qui touche aux violences sexuelles et sexistes.

Bien entendu, j’ai également été joueur de baseball, et un peu de softball, mais aussi coach d’équipe, arbitre et dirigeant, pendant près de dix ans, au Paris Université Club puis aux Patriots de Paris.

image

BTVF : Comment le baseball vous a t’il attrapé?

G.A. : Quand j’avais environ 25 ans, ma copine de l’époque m’a quitté et je me suis retrouvé avec beaucoup de temps libre. Mon petit frère m’avait alors conseillé un anime japonais, aujourd’hui mondialement connu, Naruto. J’avais lâché les mangas et animes depuis quelques années. Naruto m’a remis dans le bain et, après ça, j’ai commencé à en regarder beaucoup. Et puis, un jour, je tombe sur un anime de baseball appelé Major. Cet anime suit les aventures du jeune Goro, un génie du baseball, du jardin d’enfant à l’âge adulte, affrontant les aléas de la vie, comme des décès ou des blessures, tout en brillant par un talent hors-norme au poste de lanceur. C’est un anime qui m’a plu immédiatement, avec son énergie et son héros dont le talent et la passion nous aimantent.

Quand j’ai débarqué à Paris en 2008, je me suis dit « nouvelle ville, nouvelle vie donc pourquoi pas nouveau sport ». J’ai vu que le PUC faisait des entraînements indoor pas loin de mon appart et je suis allé tester. J’ai immédiatement accroché. J’ai aimé les gestes du baseball et leur difficulté mêlée d’un aspect ludique évident. Réussir une belle frappe, un beau catch de volée ou un strikeout nous fait ressentir comme le roi, ou la reine, du monde. Donc rapidement, j’ai commencé à être bénévole dans le club en organisant les célèbres IDF Series puis en prenant le poste de responsable communication du club dès l’année suivante. A partir de là, tout s’est enchaîné. Au club, je suis devenu également coach, manager, arbitre et dirigeant. Sur le terrain, j’ai joué à toutes les positions même si j’ai surtout joué champ extérieur, 1ère base et, mon poste préféré, lanceur.

En dehors du club, j’ai intégré pendant 2-3 ans la commission communication de la FFBS et j’ai commencé à écrire des articles sur Honus en 2010. Cette partie est une des autres raisons qui m’ont rendu accro au baseball. Je suis un passionné d’histoire et de culture, et le baseball est un sport d’un rare foisonnement historique et culturel dans le monde sportif. C’est autant le jeu que son univers qui ont conduit à ma passion. C’est une des raisons qui m’a amené à être fan des Yankees de New York d’ailleurs, avec leur histoire et leur culture populaire immenses.

image

BTVF : Vous êtes un collectionneur d’objet relatif au baseball, quels sont ils et comment organiser vous vos achats, vos rangements, l’exposition de tous ces objets?

G.A. : J’ai toujours eu un côté collectionneur. J’ai plusieurs boîtes à souvenir où je stocke des objets divers sur des évènements, des voyages, des expériences qui m’ont marqué. Le baseball est un sport qui se prête bien à la collection. Malheureusement pour mon banquier et ma compagne. C’est de l’argent et de l’espace. J’essaie tout de même de me raisonner et j’essaie plutôt d’être dans la bonne trouvaille, pas trop chère, sur les brocantes ou sur internet.

Je collectionne donc un peu tout même si je me suis mis sérieusement aux cartes de baseball depuis deux ans. Cela peut être autant l’achat de boîtes de cartes récentes, de Topps ou Panini, que des cartes vintage. En 2021, par exemple, j’ai acheté une Topps 1957 de Yogi Berra, dont je suis très fier, une Topps 1959 de Larry Doby ainsi qu’une carte de 1975 d’un des plus grands lanceurs japonais, Yutaka Enatsu dont je parle dans l’avant-dernier Culture Baseball. J’ai aussi une menko card de Yoshio Yoshida, légende du baseball japonais et ancien coach du PUC et des Bleus dans les années 1990, qui date de 1958, et j’ai d’autres menko cards, des cartes japonaises typiques et magnifiques, de la fin des années 1940. Autre carte que j’aime beaucoup, une Topps 1971 de Nolan Ryan. La carte n’est pas dans un bon état mais elle claque quand même. Le joyaux de ma collection de cartes est une T206 de Lena Blackburne, qui date de 1909-1910. C’est le même type de cartes que celle d’Honus Wagner qui vaut des millions d’euros. La mienne vaut juste quelques dizaines d’euros. Je suis juste fonctionnaire…

Sinon, je collectionne des figurines de diverses marques et diverses périodes, des balles de baseball et softball, de vieux magazines, des livres, des mangas, des affiches, des dessins d’art, des pin’s, etc. Je suis ecclectique. J’aime, en particulier, collectionner des magazines français anciens où le baseball apparaît, sous forme de BD ou de reportage, comme un numéro du magazine La Vie Heureuse, datant de 1907, qui parle de baseball au féminin avec une joueuse de baseball en couverture.

Je n’ai pas la place pour tout exposer malheureusement mais j’essaie d’en montrer le plus possible dans mon salon, tout en laissant de l’espace au reste de la famille. Heureusement, j’arrive suffisamment à me raisonner financièrement pour éviter d’avoir un objet de plus tous les deux jours à ajouter.

image

BTVF : Depuis quelques années, vous prêtez votre plume à plusieurs médias français (Hype, Strike Out…) sur le baseball américain et autres, comment aborder vous l’écriture d’un passionné vers d’autres passionnés?

G.A. : Vous l’avez compris avec mes réponses précédentes, je suis plus acteur que spectateur. Quand j’ai un savoir et/ou une passion, j’ai besoin de partager et d’échanger. Après, j’essaie de trouver un équilibre entre ce que j’ai envie d’écrire et ce que les gens aimeraient lire ou écouter, pour que chacun s’y retrouve. Un de mes objectifs reste de rendre le baseball intéressant et compréhensible, pour être lu ou écouté autant par des passionnés que de néophytes. Même au sein de la FFBS, toute personne licenciée ne s’intéresse pas nécessairement à l’histoire du baseball et du softball, ou à l’actualité de la MLB. Encore moins à celle du baseball français. Mais ma conviction est que la culture baseball, au sens large, peut être un élément fédérateur pour attirer les pratiquants vers nos disciplines et les fidéliser.

Un autre axe de mon écriture, c’est de mélanger mes centres d’intérêt pour l’histoire, la culture, les arts et les enjeux de société. Souvent, mes articles ou mes podcasts vont exploiter plusieurs angles. Quand je parle des nouvelles règles de la MLB ou du scandale des Astros, au-delà de l’actualité, je vais donner un point de vue historique, culturel et politique pour comprendre les différentes dimensions d’un fait présent mais qui s’inscrit dans un passé riche et dans un avenir attendu par certains ou non désiré par d’autres.

Enfin, j’essaie aussi d’être comme une sorte de conteur du baseball, particulièrement quand je parle d’histoire. J’essaie de rendre vivant l’Histoire et les histoires. Et le baseball est d’une telle richesse narrative que c’est pour moi quelque chose de très naturel et qui colle parfaitement à l’esprit du jeu.

image

BTVF : L’écriture vous a naturellement emmené vers d’autres formes comme le livre, racontez nous cette nouvelle aventure qui démarre?

G.A. : Effectivement, j’ai écrit un livre sur l’histoire du baseball qui aura les honneurs d’une édition à la mi-mars par Blacklephant Editions, une jeune mais ambitieuse maison d’édition bretonne qui a été séduit par mon manuscrit. Il s’agit d’une série de portraits, cinq femmes et cinq hommes, une parité voulue, qui me permet d’explorer plusieurs pans de l’histoire et de la culture du baseball, en Amérique du Nord, en grande partie, mais aussi au Japon et en France. Cela dit, même si ce n’est pas de la fiction, j’ai essayé de garder ce côté conteur pour avoir une écriture la plus fluide possible. L’idée n’est pas seulement de toucher les passionnés, les connaisseurs. Avec mon éditeur, on veut aussi s’adresser à un public plus large pour contribuer à sortir le baseball et le softball de l’ombre. Et, pour cela, le récit doit être fluide car je donne beaucoup d’informations. Pour celles et ceux qui connaissent, j’ai essayé d’avoir un style proche de Bill Bryson et une approche éditoriale à la Dave Zirin.

En savoir plus : ici

image
Disponible à partir du 17 mars 2020

Sinon, je suis déjà sur un autre projet de bouquin, toujours sur le baseball et le softball, pour un autre éditeur, dans une approche différente mais toujours dans l’idée d’intéresser les néophytes à nos disciplines, tout en donnant à lire aux passionnés français sevrés de littérature en la matière.

BTVF : Que pouvons nous vous souhaitez ?

G.A. : Le succès de ce premier livre. Il y a déjà eu des livres sur le baseball, écrit en France, qui ont été publiés mais c’était des livres qui mêlaient un peu d’histoire, d’explication des règles, des termes et des techniques. Et tous commencent à dater. A ma connaissance, c’est la première fois qu’un livre, uniquement consacré à l’histoire du baseball, va être édité en France. Je ne sais pas si on peut dire que c’est un test mais on pourra voir où se situe le potentiel du baseball auprès du grand public. Avec le centenaire de la FFBS en 2024, on a besoin de passer un cap sur la médiatisation de nos sports. Ce centenaire sera dans l’ombre des JO de Paris. Il faut donc dès maintenant envahir l’espace médiatique. Je pense que cela a déjà commencé ces dernières années avec l’apparition de sites ou podcasts comme The Strike Out, Hype, A Coup Sûr, The Free Agent, Home Run Seby, Le Homera, la communauté MLB FR sur Twitter et bien d’autres. Et, bien entendu, Baseball TV France.

Je me rappelle comment je me sentais seul pour parler baseball sur Twitter avant 2015. Depuis, le baseball gagne des adeptes chaque année sur les réseaux sociaux et cela se ressent aussi dans les effectifs de la FFBS. Les clubs et la fédération, qui communiquaient pas ou peu, sont aujourd’hui offensifs sur cet aspect, longtemps en fin de liste. Il suffit de voir la qualité de retransmission en Web TV de clubs comme Sénart ou La Rochelle, le quasi-professionnalisme de la com’ des Huskies de Rouen, l’arrivée de la MLB sur beIN Sports ou les articles plus fréquents sur le site de L’Equipe. On reste un sport mineur mais la dynamique est là. J’espère que le livre contribuera à booster cette dynamique.

Je suis bavard mais un dernier petit mot pour remercier Baseball TV France pour cette interview et pour le travail fourni.

Propos recueilli par Didier CANNIOUX

- Publicité -