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Entretien avec Thierry Raphet

BTVF : Qui êtes-vous Thierry Raphet ?

T.R : Avant tout, un passionné de baseball softball ! J’ai 63 ans, je suis marié et père de deux enfants. Désormais retraité, j’ai passé ma carrière au service de l’état, d’abord à l’Armée, puis à l’IRD (EPST).

J’ai découvert le baseball en 1984 lors d’un voyage au Québec. Le match auquel j’ai assisté m’a marqué, je suis tombé amoureux de ce sport et de ses caractéristiques si spécifiques qui font que chacun peut trouver sa place sur un terrain, qu’une grande part d’expression est laissée à l’individu tout en étant au service du collectif, et qu’il se passe tout le temps quelque chose, peu importe que la balle soit en jeu ou non et où qu’elle puisse être.

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Arrivé à Montigny-le-Bretonneux en 1994, avec dans mes bagages la batte, le gant et la balle que j’avais rapporté du Québec, je n’ai pas tout de suite frappé à la porte d’un club et j’ai finalement attendu que mon fils choisisse ce sport lors du forum des associations en 2004 pour rejoindre les Cougars, une association au sein de laquelle je me suis investi dans différentes fonctions, comme entraineur, officiel puis dirigeant.

J’ai par la suite pris des fonctions au Comité Départemental des Yvelines, à la Ligue Ile-de-France puis à la Fédération, notamment en tant que Président de la Commission Fédérale Jeunes, puis comme Secrétaire Général aux côtés du Président Seminet.

BTVF : En 2014, vous prenez la responsabilité du secrétariat de la Fédération, à ce jour, après 7 ans de dévouement bénévole, quel est votre sentiment sur le travail accompli ?

T.R. : J’ai œuvré, avec l’équipe dirigeante en place, afin de poursuivre les efforts de reconstruction que le Président Seminet avait lancé après son élection en 2010. Les années 2010 ont été riches pour la Fédération, qui a soldé une dette historique tout en se structurant, mettant de nombreux programmes de développement en route et en lançant beaucoup d’initiatives nouvelles, notamment dans les domaines de la pratique jeune, de la formation, de la communication et de l’événementiel, ainsi que l’international.

Rien n’est jamais parfait et nous n’avons certes pas pu concrétiser l’ensemble des projets portés mais je pense que les chiffres parlent d’eux-mêmes : +50% de pratiquants sur la décennie, une dynamique qui débouche actuellement sur le record de licenciés établi en 2021, plus de 200000 euros de dette effacés, un budget en augmentation à plus d’un million et demi d’euros, une offre de pratique étoffée, notamment après l’arrivée de notre nouvelle discipline urbaine, le Baseball5, et un sport qui souffre certes toujours d’un manque de visibilité mais qui a gagné en crédibilité auprès des partenaires publics comme privés.

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Guillaume Raphet, Fils de…

J’en profite pour féliciter Damien Guonie pour son élection comme Secrétaire Général. Je suis heureux de lui passer le témoin et ai toute confiance en sa capacité à remplir cette fonction vitale au bon fonctionnement de la Fédération.

Je souhaite également mettre en avant le travail des personnels du siège ainsi que le travail des membres de la Direction Technique Nationale avec qui je travaille depuis de nombreuses années et sans qui la Fédération ne pourrait fonctionner. Je les remercie tous et leur renouvèle ma confiance. Je me réjouis de pouvoir encore compter sur ces équipes pour mener à bien ma tâche durant ce mandat.

BTVF : Vous avez été très présent pour les championnats et évènements des juniors en France, comment envisagez-vous le développement de la jeunesse ?

T.R. : Ce n’est effectivement un secret pour personne, j’ai été très impliqué dans le développement de la pratique jeune, que ce soit comme membre puis Président de la Commission Fédérale Jeunes, mais aussi en tant que chef de délégation des Équipes de France de Baseball 12U et 15U pendant de nombreuses années.

Je considère que les jeunes sont l’avenir de notre sport et ils ont à ce titre été au cœur de mon implication et l’une des priorités de la Fédération pendant la dernière décennie. Un énorme travail a été effectué sur l’évolution des règles et règlementations, le matériel et l’offre compétitive afin de favoriser le développement de la pratique jeune et là aussi, les chiffres parlent avec une augmentation globale des licenciés dans les différentes catégories d’âge qui s’est reflétée dans la participation aux manifestations régionales et nationales. Nous avons presque atteint les 50% de licenciés jeunes à la Fédération, j’espère que nous franchirons bientôt ce cap symbolique qui était l’un des objectifs fixés début 2010.

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Au-delà du sport, je considère aussi le club comme une école de la vie pour les jeunes, un lieu de rencontre, de partage, de construction personnelle et collective. Pour toutes celles et ceux qui rejoignent nos clubs, jouer va de pair avec l’apprentissage de valeurs communes, d’une hygiène de vie, d’un vivre ensemble et notre objectif est qu’ils s’épanouissent en tant que sportifs mais aussi en tant que jeunes citoyens.

BTVF : Lors de votre discours comme nouveau Président, vous avez parlé de deux challenges : l’érosion du bénévolat et l’exigence des pratiquants, pouvez-vous développer vos ambitions dans ces domaines ?

T.R. : J’ai parlé d’attentes des pratiquants mais le terme d’exigences que vous employez reflète justement une partie de cette évolution, un certain consumérisme du sport, l’idée qu’une cotisation dans un club est égale à un service sans aucune sorte de contrepartie pourtant inscrite dans l’ADN d’une association sportive, celle de participer à son fonctionnement de manière désintéressée. Quand on adhère à un club, tout ne devient pas un dû. Il est normal d’attendre des contreparties mais il faut les envisager dans un contexte associatif et non dans une relation de clientélisme.

La plupart des clubs n’ont pas d’emploi et vivent grâce à l’investissement de passionnés dévoués, de moins en moins nombreux malheureusement, et c’est parfois leur bon fonctionnement voire leur survie qui est en péril. C’est assez paradoxal car la plupart de nos licenciés sont des passionnés qui seraient bien en défaut si, du jour au lendemain, ils ne pouvaient plus jouer faute d’officiels pour arbitrer ou scorer les rencontres, entrainer les sections ou de dirigeants pour gérer la mise à disposition des équipements ainsi que la recherche de financements publics et privés, entre autres.

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Si la Fédération est moteur dans la mise à disposition d’outils facilitant la gestion au quotidien, notamment au travers des différents partenariats signés dans le cadre du Club MVP et dans l’accompagnement, la formation et le support offert aux dirigeants et officiels, force est de constater que tout part toujours d’un projet associatif au niveau local. Les clubs qui se développent sont ceux qui réussissent à fédérer et rassembler autour d’un projet commun, ceux au sein desquels les gens se considèrent comme appartenant à une famille, à une communauté.

Dans ce domaine, notre ambition est de continuer à aider les clubs à pérenniser leur fonctionnement, à valoriser le modèle associatif auprès de nos pratiquants et de retrouver un équilibre entre service et consumérisme.

En ce qui concerne les attentes sur le plan sportif nous continuerons, comme nous l’avons fait jusqu’à présent, à être en veille sur les évolutions des tendances sociétales et à répondre aux nouvelles attentes des pratiquants. D’une pratique historiquement « compétitive pure » se dessine aujourd’hui une pratique « compétitive loisir », réclamant plus de souplesse, ainsi que d’autres pratiques comme le loisir ou le sport santé, ou bien encore plus récemment le eSport. Il nous faut trouver comment répondre à ces évolutions, forts de la complémentarité de nos différentes disciplines, afin de satisfaire tous les membres de la communauté du baseball softball.

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BTVF : Les calendriers sportifs sont de plus en plus remplis dans toutes les disciplines : Baseball, Softball, Baseball5 et Cricket, Quels espoirs et stratégies fondez-vous en termes de notoriété de ces sports en France ?

T.R. : Nous sommes un sport peu populaire en France qui évolue dans un environnement très compétitif face à des disciplines établies culturellement, aux moyens incomparables avec les nôtres. Nous avons progressé naturellement sur la notoriété, à travers toutes les actions menées ces dernières années, et pêchons principalement par manque de visibilité. Or si chacun sait que le baseball softball ne remplacera pas le football en France, nous avons une marge de progression certaine sur la médiatisation de notre sport.

C’est d’ailleurs assez frustrant de s’entendre souvent dire que les gens aiment notre sport quand ils le découvrent (la baisse du turnover licencié à la Fédération l’illustre en partie), alors que notre difficulté réside justement dans notre capacité, fédération et clubs, à faire savoir que le baseball softball existe en France.

Nos premiers efforts ont porté sur d’un côté la refonte de l’identité visuelle de la Fédération, la création d’un site interne moderne, la mise en place d’une couverture photographique de nos activités et de l’autre, comme vous le soulignez, sur la mise en place d’une stratégie évènementielle (incluant notamment la création de nouvelles compétitions) qui, outre le moyen d’améliorer les infrastructures, est un excellent moyen d’attirer l’attention des médias et du grand public. Nous avions, pendant la pandémie, lancé une grande campagne de communication « prends-toi au jeu ! » et offert des kits aux clubs, une initiative qu’ils se sont appropriés et qui a permis d’enregistrer un nombre record de nouveaux arrivants dans nos associations.

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Nous nous sommes aussi appuyés sur des ambassadeurs de nos sports, comme Mélissa Mayeux ou Andy Paz, dont les parcours de vie et d’athlète sont inspirants et mettent nos disciplines en valeur, toutes les actions menées par les clubs ainsi que les résultats sportifs lorsqu’ils sont au rendez-vous, comme les titres européens en Baseball Féminin et Baseball5, pour porter la voix de notre sport en France.

Toutes ces initiatives, menées sur le plan local et national par les clubs et la Fédération ont permis d’améliorer la notoriété de notre sport sur le territoire.

En ce qui concerne l’image, centrale dans la société actuelle, nous avons accompagné des initiatives menées par les clubs sur la captation et la diffusion de leurs rencontres et avons signé un partenariat avec SwishLive afin que tous puissent, a minima, offrir un contenu à leurs fans via une solution simple de retransmission. Inspirés par des initiatives couronnées de succès comme celle des Templiers de Sénart ou des Boucaniers de La Rochelle de plus en plus de clubs comprennent l’importance de la communication et se projettent sur la promotion de leurs activités à travers la captation.

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Il nous faut muer, en quelque sorte, du savoir-faire au faire-savoir et la retransmission de nos rencontres, en live ou sous un format condensé peut-être plus adapté pour le grand public, sera l’un des enjeux des années à venir. Elle nécessitera aussi, outre la question des moyens financiers et humains, une réflexion de fond sur le produit sportif en tant que tel. Une rencontre de 2h diffusée un samedi en fin d’après-midi attirerait certainement plus de fans et de néophytes qu’une de 3h30 un dimanche matin, aussi nous ne pourrons nous affranchir d’une réflexion sur quels sont les formats les plus adaptés pour mettre nos disciplines en avant.

BTVF : Que pouvons-nous vous souhaiter ?

T.R. : Je nous souhaite à toutes et tous un retour vers une certaine forme de normalité dans l’organisation de nos activités afin de pouvoir nous projeter sereinement vers l’avenir et continuer à développer notre sport.

Propos recueillis par Didier Cannioux

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