Romain Martinez Scott

De la jeune histoire du baseball français on peut déjà extraire de nombreuses personnalités. Ces dernières décennies ont produit un baseball plus organisé d’où ont émergé de nombreux talents. Certains sont apparus et ont disparu rapidement. D’autres « célébrité locales » sont restées longtemps à patrouiller sur les terrains de leur propre région voir de la France entière. Et puis il y a ceux qui ont grandi plus rapidement que la plus part, croissant avec le haut niveau. Romain Martinez- Scott fait partie de ces joueurs qui ont fait vivre le haut niveau, portant les couleurs d’équipes au nom prestigieux et le maillot national. Interview.

BTVF : Romain, la première question qui nous vient à l’esprit c’est: comment et pourquoi a tu fais connaissance avec le baseball ?

RMS: : Le baseball et moi avons une longue histoire. Elle commence avec mon papa qui était à une époque réfugié politique cubain. Tout comme la plus part des jeunes cubains, natif de l’île, mon père le pratiquait. C’est donc le plus naturellement du monde que mon père m’a transmis cette part de lui même. Il était peut être loin de se douter de la dimension que le baseball allait prendre dans la vie de son fils. J’ai commencé à lancer une balle dès que ma main fut assez grande pour la saisir. Mon père a été mon premier coach. Par la suite en grandissant, mes parents ont décidé de m’inscrire dans un club. Ma première expérience en club s’est déroulée chez les « Cro-Magnon » de Noisy le sec en région parisienne. J’y ai joué en catégorie Benjamin Minime et Cadet. Avec des joueurs comme Jérôme Dussart ou Rémi Lejeune qui sont devenus par la suite des joueurs internationaux. Avec mon père nous sommes ensuite passés par le club des Web’s de Noisy le Grand. J’y ai rencontré Laurence Cornaille, ancienne internationale Softball. J’y ai joué en tant que Junior Sénior et softball mixte. J’ai eu la chance d’être détecté et d’être intégré par la pôle France de l’Insep à Paris. J’y ai passé 6 années à partir de mes 17 ans. Ma formation a débuté au poste de champ extérieur puis, avec l’arrivée de Gerardo Leroux qui a été mon mentor durant des années, je suis passé en infield, au poste de shortstop. J’ai eu la chance de vivre des expériences internationales en tant que Junior et Sénior et de participer à plusieurs championnats d’Europe: Junior, Espoir (Argent) et Sénior trois fois.

Ci dessu: RMC jeune internationanl, à gauche.

En ce qui concerne mes clubs j’ai principalement évolué pour les Lions de Savigny de 2003 à 2013, qui restera à jamais mon club de coeur. Un club avec lequel j’ai grandi, qui m’a permis de remporter mon premier titre et surtout de rencontrer des amis très proches. Malheureusement j’ai dû quitter le club 10 ans après mon arrivée. et les Templiers de Sénart. Une décision compliquée à prendre mais selon moi nécessaire (soucis de terrain). Je suis ensuite passé chez les Templiers de Sénart qui m’ont permis de vivre de fantastiques années, à partir de 2014 jusqu’à l’année dernière où j’ai mis un point d’arrêt à ma carrière. En 2014 nous avons été double champions : Challenge de France et championnat. Ce club a continué de me permettre d’évoluer au plus haut niveau.

Ci dessus: avec les Lions

BTVF : Sur le terrain, quel est ton meilleur souvenir ? En as-tu de pénibles ?

RMS : Mon meilleur souvenir est sans aucun doute mon premier titre avec Savigny.
Remontons le temps. finale 2004. On joue Montpellier en « best of 5 ». Nous sommes menés au début par 2 à 0 en ayant perdu deux fois à domicile. C’est la même année du come-back des Boston Red Sox face aux Yankees. Nous avons réussi à remonter nos adversaire. Nous n’avons plus jamais douté dans cette finale. Ces matchs ont été témoins de sensations que je n’ai jamais retrouvées par la suite. Nous étions en symbiose totale pour la victoire. Je n’ai pas vraiment de vrai mauvais souvenir. Juste peut-être la défaite en finale l’année dernière face à Rouen où la prestation de Sam Belisle-Springer méritait un autre dénouement.

Ci dessus: RMC et Maxime Lefevre (Rouen Huskies).

BTVF : Comment te définirais tu en tant que joueur ? Tes qualités, qu’avais tu en tête alors que tu passais au bâton ?

RMS : J’étais ce qu’on appelle un « utility player ». Mes qualités principale étaient la vitesse et mon anticipation des trajectoires qui me rendaient compétitif en champ extérieur. Lorsque je passais au bâton au début de ma carrière, j’entrais dans un duel « à mort » contre lui. Plus il était dominant, plus j’avais envie de détruire ses lancers. Avec l’expérience, j’ai ensuite eu une approche plus collective de mes AB. Mon but alors a été d’être le plus utile possible par n’importe quel moyen.

BTVF : As-tu une action en tête ?

RMS : Championnat d’ Europe 2005 Prague. On joue face à la Hollande. J’entre en cours de match. Mon premier AB je frappe un shot au champ gauche. Dans mon esprit à ce moment là au mieux j’ai lobé le champ extérieur hollandais. De fait, je donne toute mes jambes pour pouvoir profiter au mieux de mon contact. J’arrive finalement en deux « safe ». Je me rend compte que personne ne joue la balle. C’est là que l’arbitre me regarde en me faisant le signe du HR. J’étais tellement surpris que je n’ai pas su profiter de ce moment. Nous avons finalement perdu ce match 17 à 1. Notre seul point marqué a été mon HR, le seul de ma carrière.

BTVF : As-tu un joueur ou joueuse préféré en France ? Ailleurs ?

RMS Je vais en choisir trois:

Mélissa Mayeux. Je suis admiratif de son parcours. Elle a su affronter tant d’obstacles et quel talent ! Je lui souhaite un très longue carrière.
Léo Jiminian. Premier jouer à signer en NCAA. J’ai eu la chance de jouer avec son père Carlos. J’ai aussi eu la chance de jouer avec lui. En le voyant évoluer je n’ai pas pu l’empêcher de penser à mes débuts ( sans avoir les mêmes qualités).
Mathis Meurant. Voici un autre joueur qui fait preuve d’une énorme maturité pour son âge. D’un niveau impressionnant c’est un joueur qui aime apprendre et qui est toujours à l’écourte des conseils qu’on peut lui transmettre.

BTVF : Un club préféré ?

RMS :  » Go Fishes » ! Les Marlins que j’ai eu la chance de voir lors sur Miami lors de mes visites à ma famille. Mais comme ils perdent assez souvent je me rabats sur les Yankees : Rires !

BTVF : Nous avons appris dernièrement que tu étais devenu consultant pour Bein Sport. Quelle belle opportunité ! Raconte nous comment s’est arrivé.

RMS : C’est Matthieu Brelle qui m’a proposé à Bein, étant lui même consultant durant un moment. Il m’a proposé à l’équipe « Mlbextra ». J’ai fait un essai au mois d’Août 2021 avec Benjamin Bernard. On m’appelle de temps en temps. J’en profite pour remercier toute l’équipe !

BTVF : Que penses tu du championnat français aujourdhui ?

RMS : Le niveau du championnat D1 dépend beaucoup du recrutement étranger. En France il est compliqué de mener de front plusieurs carrières: professionnelle, sportive de haut niveau, famille… Des pays comme l’Italie ou la Hollande travaillent dans ce sens. Ce sont aujourd’hui les meilleures nations européennes. L’occasion pour moi de signaler le fait que je trouve très bénéfique vos retransmissions en direct. La Rochelle, Montpelier, Sénart, Rouen…

BTVF : Comment vois-tu l’évolution du baseball français ?

RMS : Le baseball français va beaucoup évoluer et en particulier grâce au Baseball 5. Cette version du baseball va jouir d’une belle visibilité (écoles, centres de loisir, etc…).
Mon avenir personnel va maintenant se jouer en famille durant les week-end mais évidemment en se frottant toujours avec passion plutôt avec le softball qu’avec le baseball. J’espère que « Bein » voudra toujours de moi dans l’avenir ! Rires!

BTVF : Notre question traditionnelle à BTVF: que peut-on te souhaiter pour la suite ?

RMS : Bien c’est simple une bonne nuit parce que là il est tard ! Rires !

Propos recueillis par Vincent Picard

Photo de de haut de page : RMS avec les Templiers de Sénart (second en partant de la droite).