Ce mot se traduisant par élan est de plus en plus utilisé dans le monde phsycologique du sport individuel et collectif. Les commentateurs de match de Baseball cherchent souvent à placer ce mot lorsqu’ils sentent que « l’esprit de la gagne » change de camp. Intéressons nous à ce concept et tentons de l’analyser sur les spécificités de nos sports de batte.
Lorsqu’une équipe ou un individu est sur sa lancée, le plus improbable des renversements de situation semble souvent impossible. Cependant, le momentum est l’un des termes les plus utilisés pour expliquer le succès ou l’échec dans le sport, bien qu’il soit assez mal compris.
Nous le connaissons aussi sous les noms de « Big Mo », « Main chaude ou froide » , « In The Zone », « Focus » « Bararaka » tandis que les psychologues l’appellent « Momentum psychologique ». Mais existe-t-il vraiment ? S’agit-il seulement d’un changement temporaire de confiance et d’humeur ou change-t-il réellement l’issue d’un match ou d’une saison ?
Exemple de définition : « Le changement positif ou négatif de la cognition, de l’affect, de la physiologie et du comportement causé par un événement ou une série d’événements qui affecte les perceptions des concurrents ou, peut-être, la qualité de la performance et le résultat de la compétition. L’élan positif est associé à des périodes de compétition, comme une série de victoires, au cours desquelles tout semble – aller bien- pour les concurrents. À l’inverse, un élan négatif est associé à des périodes, telles qu’une série de défaites, où tout semble -aller mal-. »
Comme le baseball, est un sport de statistiques, la plupart des analyses sur le Momentum se concentrent sur l’aspect quantitatif pour essayer de prouver ou de réfuter son effet sur les statistiques individuelles ou les victoires et les défaites de l’équipe. Aucun scientifique ou savant des statistiques du baseball n’a réussi à prouver par les chiffres les caractéristiques de ce moment de bascule.
On peut par contre définir ce qui se passe dans l’esprit d’un joueur ou d’une équipe quand ce moment arrive : le ou les joueurs ressentent une augmentation de leur énergie et de leur motivation, et ont le sentiment de contrôler la situation. En outre, lors d’un changement vers un élan positif, l’image de soi du joueur change également. Il se sent invincible et cela porte le « moi performant » à un niveau supérieur. Il est à noter que plus le joueur est performant, plus il a conscience de ce moment et moins au final il en a besoin, car il essaye de ne pas le subir.
Le momentum peut se repérer tout d’abord par un élément déclencheur : une action incroyable, une décision de l’arbitre, un réveil du public…
Ensuite, un changement psychologique s’opère. Là encore, selon l’athlète, sa confiance de base déterminera la force de sa réaction aux événements, au point d’avoir des changements physiologiques comme des crispations et de la panique dans des situations négatives ou un sentiment de regain d’énergie après des événements positifs.
Puis dans le cas d’un collectif, une équipe entière vit le changement de comportement. Il découlerait de toutes ces perceptions internes. Les entraîneurs et les supporters seraient en mesure de constater de réels changements dans le style de jeu des joueurs, qui réagissent à la chaîne de dynamique positive ou négative.
Puis arrive le changement de performance : le momentum est l’exception et non la norme pendant un match. Sans l’événement déclencheur, il ne devrait pas y avoir de changements notables dans la dynamique.
Enfin arrive le basculement : C’est lorsque l’équilibre du momentum passe d’une équipe à l’autre.
Prenons le cas concret du match de demi finale des Huskies de Rouen et des Barracudas de Montpellier en Division 1 : Replay : ici
Après deux heures et dix huit minutes de jeu, on arrive en neuvième manche. Les barracudas mènent 8 à 0. Il reste trois retraits à faire et Montpellier empoche la victoire. A ce moment du match, les rouennais ont quasiment rangé leur gant et se disent que le match est perdu. De l’autre coté, on est rassuré, après la défaite du premier match, on se dit que le partage des matchs à Rouen aura été assuré. Mais voila, l’histoire ne sera pas celle là finalement…
Le lanceur japonais Sigura, après la superbe performance de Nayral, fait un premier base on ball avec une balle qui percute son catcheur et le met quelque peu en difficulté. Est-ce le moment déclencheur ? Suit un autre base on ball suivi d’un strike out… puis une pass-ball qui met un coureur en 2 et enfin un nouveau base on ball : base pleine – ce qui déclenche une visite au monticule du coach et suit le premier point sur un nouveau base on ball.
Changement de lanceur, car le moment déclencheur s’est imbriqué sur cette phase de jeu. Ensuite, Rouen commence à prendre conscience de la fébrilité des Montpelliérains et commence à croire que la bascule est possible. En effet sur le premier lancer de Guiraud contre Viger, c’est un double et le score est déjà de 8 à 4. La fin vous la connaissez, le momentum a changé l’équilibre et Rouen gagne 13 à 12 dans la onzième manche.
Dans ce match, tout est très explicite et facile à voir, dans d’autres le momentum est plus subtil. C’est à cause de ce type de déroulement que l’on dit souvent qu’un match n’est jamais gagné tant que la dernière action n’a pas eu lieu.
Patrick Cohn, psychologue du sport, tente de définir pour nous le processus psychologique dans la tête d’un joueur : « Vous arrêtez de jouer le jeu que vous avez joué pour être dans cette position. Et au moment où vous passez à essayer de ne pas vous planter, vous passez d’un état d’esprit très offensif à un état d’esprit très défensif. Si vous vous concentrez trop sur le résultat, il est difficile de jouer librement. Et enfin, vous vous inquiétez davantage des conséquences et de ce qui va se passer que de ce que vous devez faire dans l’immédiat. »
Il ne fait aucun doute que nous continuerons à entendre des références au Momentum pendant les matchs. Lorsque ce sera le cas, vous pourrez mener votre propre mini-expérience et observer les réactions des joueurs et des équipes au cours de la prochaine partie du match pour voir si cet « événement précipitant » débouche effectivement sur un moment de changement de jeu.