Rencontre avec deux journalistes d’Eurosport : Laurent Vergne et Maxime Dupuis. Suite à la parution récente de leur dernier livre « Les grands récits du sport », ils se confient à Baseball TV France sur leur travail et la manière dont il voit le baseball dans le monde et en France.
BTVF : Qui êtes-vous Laurent Vergne et Maxime Dupuis ?
M.D. : Je suis Maxime Dupuis, rédacteur en chef adjoint à Eurosport.fr, passionné de sport et reporter sur les grandes compétitions de football depuis 2004. Une passion pour le sport et l’histoire, qui trouvent naturellement leur débouché dans… les Grands Récits.
L.V : Je suis journaliste depuis environ 25 ans maintenant et bientôt 20 à Eurosport. C’était un retour aux sources pour moi puisqu’avant d’intégrer la rédaction d’Eurosport.fr début 2003, j’avais déjà effectué un stage à Eurosport en 1999 pendant quelques mois. J’ai couvert beaucoup d’événements, J.O. d’hiver et d’été, Coupes du monde de football et de rugby, Tour de France, Grands Chelems de tennis, etc. Aujourd’hui, je partage mon temps entre couverture de grands événements et longs formats, type Grands Récits.
BTVF : Vous vous êtes associés pour sortir un livre qui nous raconte de grandes histoires dans l’ensemble du sport mondial. Quels sont vos critères de choix pour nous livrer un récit plutôt qu’une autre ?
L.V : C’était clairement la partie la plus difficile. 14 GR, c’est à peine 10% de notre production. A titre personnel, en garder 6 (le 7e, me concernant, était un inédit, celui sur Martin Fourcade) fut un crève-cœur sachant que j’en ai écrit environ 80. Nous avions décidé de ne garder qu’un seul GR au maximum par sport pour que le livre soit le plus diversifié possible. Nous voulions aussi osciller entre histoires connues et méconnues, hommes et femmes, différentes temporalités, etc.
M.D. : On a fait une sélection des récits qu’on préférait et de ceux que l’on préférait de l’autre. On a mixé tout ça et est sortie du chapeau cette sélection. L’idée, aussi, était d’offrir aux lecteurs un panel large de ce que l’on avait écrit : éviter dix récits de F1, football ou tennis par exemple. L’idée était qu’il y en ait pour tous les goûts, avec nos coups de cœur et les histoires qui nous semblaient les plus intéressantes. Par exemple, l’affaire Harding – Kerrigan. J’avais très envie qu’elle soit dans le livre car l’histoire est complètement dingue.
BTVF : Le baseball est représenté dans vos travaux mais à la place que la France lui réserve, à savoir comme une curiosité américaine et plutôt au 20ème siècle. Avez-vous en réserve des récits plus contemporains ?
L.V : On ne s’interdit absolument rien. A travers le baseball, ce qui nous intéressait, c’était surtout d’aborder des pages et des figures de légende de la MLB aux Etats-Unis mais qui, en France, sont probablement moins connues. La malédiction du Bambino, épisode que nous avons retenu pour le livre, par exemple, est à nos yeux une histoire typiquement « calibrée » pour les Grands Récits : une légende du sport, une connexion avec la culture populaire, une histoire totalement folle… Il y avait tout. Mais un épisode plus contemporain, oui, pourquoi pas.
M.D. : Il existe deux histoires que j’ai en tête depuis un certain temps et que j’aimerais bien raconter : Mark McGwire, son record et les suspicions qui ont suivi. Son duel avec Sammy Sosa m’avait fasciné et c’était l’une des rares histoires à avoir franchi l’Atlantique. Plus récemment, l’affaire des Astros et cette tricherie presque trop surréaliste pour être vraie. Ce ne sont pas des histoires hyper positives, j’en conviens.
BTVF : En tant que journalistes sportifs, pensez-vous que le baseball français puisse un jour émerger au milieu du sport français et de quelle manière ?
M.D. : Bonne question. Réponse complexe. Pour être allé voir plusieurs fois assister à des matches aux Etats-Unis, je dois reconnaître que le baseball est une expérience particulière, et peut-être même la plus américaine qui soit. Après, le baseball français peut-il sortir du lot ? Possible, mais il faut que ce soit accompagné d’une vraie histoire ou de résultats XXL. Voire d’un joueur qui perce de l’autre côté de l’Atlantique.
L.V : Tout dépend ce que l’on entend par émerger. Le baseball, comme le foot US, reste pratiqué chez nous par des passionnés. Est-ce que cela peut devenir massif un jour ? Je ne le pense pas mais après tout, on ne sait jamais. A court ou moyen terme, disons dans les 10-15 prochaines années, cela me paraît tout de même difficilement imaginable. Il faudrait un engouement populaire qui, jusqu’ici, n’existe pas ou trop peu.
BTVF : Eurosport, chaine dans laquelle vous travaillez ne retransmets ni ne chronique le baseball au niveau Européen, est-ce un choix éditorial ou juste un fait de faible notoriété ?
L.V : Nous sommes une équipe relativement réduite. Nous ne sommes pas L’Equipe et nous ne pouvons donc pas couvrir tous les sports. Forcément, on s’adapte à notre public. La place du baseball en France est réduite. Peu pratiqué, peu suivi. C’est ce qu’on appelle un sport de niche à l’échelle française. Parfois, nous aimerions, à titre personnel, en faire beaucoup plus sur certains sports. C’est le cas, me concernant, sur les sports US, une passion chez moi. Mais nous travaillons pour une rédaction, pas pour un site ou un blog perso. Cela provoque parfois des frustrations.
M.D. : L’œuf ou la poule. Toujours la même chose. La réponse à cette question se trouve dans la précédente. Il faut un déclencheur.
BTVF : Un tome 2 des « Grands récits du Sport » est-il en gestation ?
M.D. : On croise les doigts.
L.V : En gestation, non. C’est trop tôt pour cela car ce sera forcément lié aux chiffres de vente de celui-ci. Mais sur le principe, c’est une idée que nous avons, oui, que ce soit de notre côté ou de celui de notre éditeur, Amphora.
BTVF : Que pouvons-nous vous souhaitez ?
L.V. : Un tome 2 !
M.D. : Un tome 2. Avec d’autres histoires de baseball dedans.
Propos recueillis par Didier Cannioux