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Corse Mutin

Objet de convoitise des grandes puissances européennes, notamment génoise et française, la Corse a toujours fait montre de résistance. La figure de Pasquale Paoli y est toujours présente, lui qui a doté la Corse de la première constitution au monde, elle qui a inspiré les Américains en 1776.

Corsica, fière et indomptable. Même le baseball s’y est cassé les dents, essayant de s’implanter sur l’Ile de Beauté à différentes reprises. La première a eu lieu en 1943 au sein d’une base aérienne qui accueillait les soldats américains durant la Seconde Guerre mondiale. Ce sont les G.I. qui y ont importé ce sport qui disparaîtra rapidement après la guerre.

La deuxième tentative se passe dans les années 80, du côté de Bastia. Un essai infructueux puisque les rares clubs corses ont dû s’affilier à la région PACA pour pouvoir jouer un championnat.
Cependant, ces dernières années, l’île s’est ouverte à de nouveaux sports venus d’outre-Atlantique. Avec le football américain, le baseball est désormais bien implanté et séduit petits et grands, garçons et filles.

C’est en 2017 sous l’impulsion de quelques mordus que ce sport débarque de nouveau sur l’Ile de Beauté avec notamment la création du club des « Imperatori », à Ajaccio, pardon Aiacciu.
Il y a deux ans, grâce au travail de quelques mutins qui veulent du baseball corse, les choses ont évolué, une ligue a été développée : la Ligue Corse de Baseball/Softball a été créée en 2021 par les 4 clubs insulaires reconnus en FFBS : I Imperatori à Ajaccio, I Pastori à Aleria, les Bulldogs à Bastia, I Filanci à Alata.
Mais beaucoup de choses restent à faire, un défi corsé attend le baseball : garder ce sport sur l’île.

Rencontre avec l’un des artisans de ce renouveau, Thierry Godbert-Tomasini, passionné et passionnant Président de la toute nouvelle Ligue Corse de Baseball/Sofball .

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BTVF : Pouvez-vous vous présenter et présenter votre parcours ?

Je m’appelle Thierry Godbert-Tomasini, j’ai 60 ans, dont 37 ans de licence de baseball. D’ailleurs, je joue toujours ! Tout a commencé en septembre 1987, quand je suis allé voir un match à Cincinnati.
J’ai joué à Ville d’Avray, dans le 92, club dont j’ai été le Président ; on était en D1 dans 95-96. A l’époque on n’avait pas de terrain de baseball !
Puis j’ai bougé aux Patriots et également au PUC, j’ai participé à la création de la Ligue de baseball des Hauts-de-Seine, j’ai également été actif sur l’organisation en 1994 de France-Afrique du Sud, match de pré-qualification au Championnat du monde. J’ai passé mon brevet d’état en 1993.
Et puis, je suis co-fondateur du club de Ranelagh à Paris. En 1913 Ranelagh a été le premier club de baseball en France et il a disparu, on a voulu recréé le club, avoir un club dans l’ouest de la capitale.
Pour finir ma présentation, fin 2007 alors que j’étais aux Patriots, le New York Times sortait une édition spéciale « 100 ans 100 photos » sur le club des Yankees. Par un incroyable concours de circonstances je suis parti une semaine à New York pour couvrir cette édition. Je suis allé aux archives et j’ai vu des documents incroyables dont des photos de Babe Ruth à Paris. Ces clichés, c’est aussi du patrimoine français !

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Babe Ruth à Paris

BTVF : Et pourtant c’est en Corse que vous développez le baseball ?

Ah mais je suis corse par ma mère !
C’est Didier Seminet qui m’a mandaté. Financièrement et du point-de-vue de l’organisation, la Corse en Ligue PACA c’était compliqué ; il est plus simple d’avoir une ligue corse et plus valorisant d’avoir un champion régional.
La ligue nouvellement créée compte 4 clubs : Bastia qui a un club historique, Aléria qui a club récent mais qui connait un développement fulgurant avec un vrai stade de baseball, et deux clubs ajacciens ; il y a entre 180 et 190 licenciés sur l’île.
Il n’y a pas de Comité Départemental en Corse mais le sport est suivi de près par la Collectivité de Corse. Les communes sont plutôt bienveillantes pour recevoir une équipe de baseball.
Ici l’organisation est différente, on ne parle pas en kilomètres, on parle en temps de route !

BTVF : Quels sont les objectifs de la Ligue Corse de Baseball que vous présidez ?

L’objectif est d’avoir 6 clubs et 200 licenciés en 2024.
2 clubs se structurent: l’un à Propriano, I Delfini, en entente avec Ajaccio, et j’ai moi-même créé I Muvrini (NDLR : les Mouflons, en corse) dans mon village, entre Ajaccio et Porto-Vecchio.
Entre 1943, avec l’arrivée des Américains (la Corse a été le premier département libéré) et les années 80, il n’y a pas eu de volonté de créer des clubs. Le problème, c’est qu’en jouant tout seul, on n’arrive pas à fédérer.
Le Comité de Corse est bluffée par la vitesse de constitution d’une équipe, elle veut qu’on parle d’elle.

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BTVF : Vous avez participé à la Little Ligue, comment avez-vous vécu cette première ?

On a fini par une victoire contre la Bourgogne-Franche-Comté. La Fédération est bienveillante, elle voulait une équipe corse.
Les jeunes jouaient entre eux, on était en vase clos, là on est confronté à d’autres jeunes. On joue dans d’autres conditions avec de vrais terrains, des joueurs partout.
Il y a un effet de motivation pour les encadrants, pour les joueurs, ils étaient tellement fiers de porter la chemise corse arborant la « testa mora » (NDLR : la tête de Maure).
On veut inciter les jeunes à jouer au baseball et prendre du plaisir.
On veut participer aux Interligues chaque année, reste le financement à trouver car tous les frais sur le Continent sont à notre charge.
Pour l’avenir, on essaie de se structurer : pour le moment on n’a pas de scorage, on voudrait aussi mettre en place des pré-sélections, faire une sélection U15 et une squadra corse senior.

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BTVF : Qu’en est-il des infrastructures sur l’île? Comptez-vous développer le softball également ?

On a, pour le club des Muvrini, un très beau stade omnisport avec un dojo, un mur d’escalade, un terrain de foot synthétique.
L’objectif serait d’avoir terrain de baseball homologable et modulable avec clôture que l’on pourrait installer et désinstaller facilement.
Quant au softball, ça commence, il y a des prémices à Aleria d’une équipe de softball, les Ajaccio Imperatori viennent de créer une équipe.

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BTVF : un dernier mot ?

Oui, je prends plaisir à lire les articles sur BaseballTV et à regarder les matches qui sont retransmis.
Comme nous, vous essayez de faire vivre notre sport, qu’il cesse d’être confidentiel, alors continuez !

Sébastien Dondé.

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