Menu

Bastien Dagneau

Le slugger des Rouen Huskies et de l’équipe de France, Bastien Dagneau, se confie longuement pour Baseball TV France. Quand il parle du jeu, de sa famille, de ses passions, de ses adversaires, ça claque comme quand il cogne la balle. Une rencontre passionnante avec l’un des meilleurs joueurs français de l’histoire, une histoire qui est loin d’être terminée.

BTVF : Peux-tu pour commencer te présenter, en quelques mots, ce que tu fais dans la vie, comment tu es venu au baseball, ce que tu aimes dans ce sport… ?

B.D. : Je m’appelle Bastien Dagneau j’ai 27 ans. J’ai débuté le baseball à 8 ans grâce à mon oncle qui m’a fait découvrir ce sport dans le jardin. Je me suis ensuite inscrit au sein du petit club d’Orgeval dans les Yvelines (78). Je suis entraîneur et également pompier. Ce que je préfère par-dessus tout au baseball c’est le fait que tout le monde peut y jouer et apporter à son niveau une contribution à l’équipe peu importe son physique ou son rôle.

BTVF : Tu as débuté à Montigny, tu as avoir de très forts souvenirs chez les Cougars. Quels sont les plus beaux ?

B.D. : Je suis passé par Montigny c’est vrai mais j’ai débuté à Orgeval avec Alexandre Diomede qui m’a transmis le plaisir de jouer même en perdant !
Le premier déclic a été ma participation au tournois de Pineuilh minimes et cadet en même temps, qui faisait venir des équipes espagnoles, italiennes, américaines etc. Par la suite j’ai arrêté de me plaindre quand j’allais à l’entraînement et je me suis mis en tête de devenir le meilleur joueur possible pour rejouer dans rencontres comme ça.
A Montigny, il y a eu justement la victoire au tournois de Pineuilh cadet devant la sélection France, le titre de champion de France cadet 2010 et évidemment la saison 2018 avec la D1 où l’équipe se qualifie pour la finale contre Rouen et pour une coupe d’Europe.

image

BTVF : Qu’est-ce-qui t’as convaincu de venir à Rouen ?

B.D. : Je voulais jouer au plus haut niveau possible. Lorsque Rouen m’a contacté pour me dire qu’ils voulaient me développer j’ai été surpris et honoré. Je voyais tous les joueurs de l’équipe comme des coachs et j’écoutais tous leurs conseils. Je souhaitais partir aux États-Unis et j’ai donc longtemps discuté avec les uns et les autres de leurs expériences professionnelles, de colleges ou en équipe de France.

BTVF : Quand tu te présentes à la batte, tu as le home-run toujours en tête ?

Non pas du tout. En réalité je pense plutôt à ce que va me lancer le lanceur. Ma frappe dépendra avant tout de son lancer. Je sais que je suis capable de frapper à peu près tout type de lancer mais je sais aussi que je peux me faire éliminer sur le plus mauvais des pitchs si je n’ai pas la bonne concentration. C’est pourquoi je m’entête à ne jamais sous estimer un lanceur même lorsque j’ai l’habitude de l’affronter. Après, une fois qu’on sait que la balle va finir derrière la clôture on a le droit de faire un peu de show.

image

BTVF : Comment tu gères ton poste de champ droit : tu as quelques balles par match, il faut donc beaucoup de concentration, bien étudier les frappeurs, connaitre les situations. C’est très exigeant, j’imagine ?

B.D. : C’est surtout de l’observation, il faut analyser les swings des frappeurs, connaître la vitesse de son lanceur, anticiper les situations et les couvertures et avoir une confiance absolu avec son champ centre. J’ai eu la chance à Rouen de n’avoir eu que des champs centre de qualité avec qui je m’entendais à merveille (Combes, Bert, Sosa et maintenant Vissac). L’outfield c’est une équipe qui fonctionne à trois. Dès qu’il y en a un qui change de placement il avertit les autres pour que tout le monde soit sur la même page sinon ça laisse des gros trous et ça ne pardonne pas. Avec le temps je deviens de plus en plus gros et de moins en moins rapide mais je connais un peu mieux le jeu donc ça me permet d’être serein.

BTVF : Comment se déroule la préparation hivernale ?

B.D. : Cette année la préparation hivernale a débuté en novembre. Certes, avec le changement d’entraîneur les premiers entraînements D1 n’ont commencé qu’en février mais tous nos jeunes joueurs français étaient présents un mois après le titre dans les cages à se les cailler, à pousser de la fonte, à faire les programmes de lancer et à frapper des balles. On a un programme de préparation physique que nous concocte Dylan (Gleeson) et qui marche du feu de Dieu. Cette année je l’ai répété tout l’hiver je n’ai jamais vu autant de joueur D1 s’entraîner aussi dur aussi tôt dans l’année. On en récolte désormais les fruits. Pour ma part je jongle entre la préparation physique Baseball et celle que je me dois d’avoir pour les pompiers qui diffère pas mal. Je suis donc la plupart du temps seul et autonome mais j’avoue que j’aime bien suivre les autres quand il y a des mecs comme Hugo (Blondel) qui me challenge en force max !

image

BTVF : Aurais-tu aimé tenter ta chance aux Etats-Unis ou dans un autre championnat européen ?

B.D. : J’ai eu la chance de partir un an au Texas à Cisco collège un junior college D1 où j’étais red shirt. Je ne regrette pas être rentré au bout d’un an car je suis bien dans mon pays et que je n’avais pas forcément beaucoup d’opportunités là où j’étais.

BTVF : Parlons ce cette saison : J’ai l’impression qui tu ne cesses de progresser. Est-ce que tu penses connaître ta meilleure saison ?

B.D. : Il est encore tôt pour le dire. Si on ne remporte pas le championnat alors non ! Ce qui est sûr c’est que je fais une bien meilleure saison que l’an passé. J’ai assez mal vécu le fait de ne pas avoir satisfait mon équipe par mon niveau de jeu. Lorsque tout le monde s’attend à ce que tu sortes 10 bombes dans l’année et que finalement t’en met pas une derrière ça l’a fou mal. Honnêtement, je ne cherche pas vraiment à comparer. Il y a des objectifs à atteindre et des contre performances de l’année passée à effacer à tout prix. On a fait redescendre Rouen dans le groupe B il fallait balayer ça. Maintenant il faut qu’on fasse de même pour l’équipe de France en championnat d’Europe.

image

BTVF : Il y avait beaucoup d’émotions après la victoire contre Hoboken. Cela a été une des plus belles victoires qui tu as vécu ?

B.D. : Oui, forcément on ne s’en lasse jamais. Et là il y avait vraiment du monde. C’est vraiment porteur de joueur devant son public, sa famille, ses amis, son club mais aussi les joueurs qu’on entraîne. Ça a une saveur particulière. On n’a pas le droit de décevoir. On demande beaucoup aux jeunes toute la semaine donc en contrepartie il faut montrer le chemin. De plus, c’était encore une victoire à l’arraché, avec toute la tension qu’on a vécu et l’enjeu donc oui ça restera une journée que je n’oublierai pas.

BTVF : Et d’ailleurs, quel est ton plus beau souvenir de baseball ?

B.D. : Mon plus beau souvenir de Baseball c’est la victoire contre Taïwan en ouverture des jeux olympiques universitaire à Taïwan. On gagne en étant mené 3-0 en dernière manche 2 strikes 2 retraits personne sur base. Depuis ce jour-là je me dis qu’aucune victoire n’est impossible. Je me souviendrai toujours des 13 000 Taïwanais debouts à nous applaudir nous les français après le match alors qu’on venait de battre leur équipe.

image

BTVF : Décris-nous ce home-run monumental en finale. Comment cet at-bat s’est passé ? Tu as bien regardé la balle partir, ça fait plaisir j’imagine ?

L’at bat s’est passé assez vite vu que j’ai frappé le premier pitch. J’avais vu que leur lanceur lançait pas mal de côté avec une balle pas très rapide mais qui bouge et qui s’éloigne des droitiers. Sur moi j’étais quasiment sûr qu’il n’allait pas lancer de droite donc je m’attendais à ce pitch. Il a lancé un peu trop haut j’ai pu le voir facilement et driver la balle où je voulais. Après oui je l’ai regardé car ça fait toujours plaisir et que c’était un moment important mais derrière j’ai vite fait le tour et j’ai dit aux gars qu’il n’y avait rien de fait car on était toujours à -1.

BTVF : Dans ce match, Rouen a été mené deux fois au score mais est revenu à chaque fois. Est-ce que c’est vraiment une des forces des Huskies cette capacité à toujours croire en leurs chances ?

B.D. : Bien sûr, il y a toujours un espoir. Un -2 ou -3 ne veut pas dire grand-chose au baseball. Ce qui compte c’est de réagir après un coup dur et de continuer à rester concentrer et de faire des bons at bat. Sur le banc on ne pose même pas la question de si on va le faire ou si on peut le faire. On sait qu’on va le faire.

image

BTVF : Il y a un nouveau coach chez les Huskies, Boris Marche. Comment ça se passe avec lui ?

B.D. : Ça se passe très bien. Il a vraiment su observer, comprendre l’équipe et fédérer autour de lui une équipe de coachs qui veulent tous apporter à leur manière. Il amène une sérénité à des jeunes joueurs, fait confiance aux cadres et demande l’implication des joueurs étrangers. Il a fallu faire des ajustements côtés joueurs car évidemment il y a des modes de fonctionnement différents que ceux avec lesquels on était habitué depuis longtemps, mais avec de la communication et parce qu’on connait Boris aussi depuis longtemps ça s’est fait très vite. C’est un homme intelligent, calme et qui a toujours été bosseur. Il inculque un sérieux en plus auquel on se plie car il ne faut pas oublier qu’il a son numéro au fond du champ.

BTVF : Tes parents sont très souvent là dans les tribunes pour t’encourager. C’est important pour toi ?

B.D. : Ils sont toujours là. Ils ont toujours été là depuis mes 8 ans et mêmes quand je faisais d’autres sports. Ils se sont rencontrés à l’Insep donc ça aide pour la culture sportive et du haut niveau. Je ne pourrai pas dire à quel point ils participent à mon épanouissement et à mes performances. Même quand je soûle tout le monde à parler de Baseball tout le temps, eux sont toujours intéressés alors même que mon père ne pige pas la moitié des règles depuis tout ce temps. Même s’ils ne peuvent pas être présents ils suivent toujours le match d’une manière ou d’une autre. J’ai vraiment une chance incroyable d’avoir un tel soutien de leur part. A chaque at bat mon père descend de la tribune pour me beugler dessus avant mon at bat donc quand vous entendez le père Dagneau vous dire de frapper vous frappez !

image

BTVF : Je crois que tu vas prendre des responsabilités à l’Académie de Normandie et de la Ligue. Former des jeunes, c’est quelque chose qui te motive particulièrement ?

B.D. : Le but est de former les joueurs et joueuses lycéens et universitaires pour qu’ils puissent atteindre leurs objectifs. L’académie propose des entraînements tous les jours sur les infrastructures de Rouen et profite à tous les joueurs provenant de tous les clubs pouvant venir le soir s’entrainer. Le staff est composé de Dylan Glesson et moi-même et vise à attirer aussi bien les joueurs qui reviennent de colleges pendant leur temps en France que ceux effectuant leur études sur le territoire.

BTVF : En dehors du baseball, quels sont tes passions ?

B.D. : J’ai ma copine depuis 3 ans avec qui j’aime voyager lorsque nos emplois du temps nous le permettent, et c’est un secret pour personne, mon chien Naïa un husky qui joue un peu trop souvent à cache-cache ! J’essaye également de voir ma famille notamment mes deux grandes sœurs et mes 4 neveux et évidemment mes amis qui ne me lâchent jamais.

BTVF : Quel est le lanceur que tu as aimé, ou que tu aimes, le moins affronter ?

B.D. : J’aimais bien affronter les lanceurs Will Musson, Harvey Garcia et James Murrey j’avais pas mal de réussite contre eux, il me semble. Que j’aime le moins affronter ,c’est assez facile, Camacho le jeudi et après Esteban et là normalement vous êtes sûr de passer un sale quart d’heure à l’entraînement.

image

BTVF : Et quel a été le joueur qui t’as le plus impressionné ?

B.D. : Question dure j’en ai pas mal en tête. En France je pense que je vais dire Ethan Paquette. Le gars avait mis 3 hr un dans chaque champ le même week-end, il a fait une saison de malade , il avait bras de jeu et surtout un leadership incroyable

BTVF : Quelles sont les pistes d’amélioration que tu te fixes pour devenir encore un meilleur joueur ?

B.D. : Je dois continuer d’être régulier et dangereux pour les lanceurs. J’aimerai aussi me prendre moins de strikeouts. Je dois continuer progresser en champ et même maintenir en forme parce qu’avec les jeunes athlètes qui coure le 60 yards en 6,5s et qui lancent 90 mph c’est dure de rivaliser. Un jour viendra où je devrais retourner en première base et faire un combat de catch avec Hugo pour savoir qui sera en 1 et qui sera DH mais bon n’y pensons pas tout de suite.

BTVF : Et pour conclure, la question habituelle de notre questionnaire : qu’est ce qu’on peut se souhaiter pour la suite ?

B.D. : Gagner le championnat, remonter la France en groupe A au minimum, qualifier la France pour la classique. Et ensuite travailler fort pour réussir enfin à performer dans ce groupe A (nation et club) et faire respecter le Baseball auprès des autres pays européens. Rien que ça !

Propos recueillis par François Colombier

Credits photographiques : Benjamin Witte et Glenn Gervot et Rouen Huskies

- Publicité -