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Trop peu, trop juste

C’est dur l’Europe. C’est autre chose. Cela demande de gérer ses émotions, d’aller chercher plus loin au fond de soi les petites choses qui font la différence. Les Barracudas n’y sont pas parvenus, ils se sont fait manger petit à petit par les Marlins (les spécialistes de la faune marine nous expliqueront si c’est réaliste), et ils ont laissé filer une finale qui démontre une nouvelle fois que le baseball français n’est pas à la hauteur quand il s’agit de se frotter au niveau international.
On ne va pas tout jeter dans le parcours des Barracudas. Il a été parfaitement maîtrisé pendant trois jours (et deux manches, serait-on tenté d’écrire). Il fallait se sortir du piège d’Hoboken le premier jour. Malgré 3 erreurs, et avec seulement trois hits, les Barracudas ont su le faire, avec un Vera dominant et une production venue du bas de line-up. Après une promenade de santé contre Wiener-Neustadt, les Barracudas ont fait plier les Huskies, dans un match au couteau, en faisant preuve de plus d’opportunisme et avec un pitching dominant d’Ozanich.

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Comme porté par cette vague, Montpellier a frappé fort en début de match contre les Marlins. Et quand les Barracudas ont mené 3-0 en 3ème manche, on a vraiment cru que tout allait tourner en leur faveur, et qu’ils allaient poursuivre leur série de titres, après le championnat 2023 et le challenge 2024. Mais les Marlins sont une puissance offensive qui ne pardonne pas. Le MVP du championnat d’Europe des nations, Wander Encarnacion a fait parler la poudre avec un circuit de deux points, suivi par Jésus Ustariz, avec lui aussi une bombe de deux points. Plus expérimentés, plus profonds, plus forts, tout simplement, les Marlins n’ont plus rien donné ensuite. Il n’y a pas eu d’iniquité dans cette finale. Les plus forts ont gagné, tout simplement. Montpellier a eu le mérite de ne pas renoncer, avec un excellent Flores (et une attaque qui n’a pas mal frappé), mais c’était trop juste, surtout avec une défense une nouvelle fois bien trop hésitante. 5 erreurs en finale, ça ne pardonne pas.
Montpellier 2è, Rouen 3è, on ne va pas emboucher les trompettes de la renommée pour ce résultat. Parce que derrière, il n’y a pas grand-chose (battre les belges, c’est bien, mais cela ne relève pas de l’exploit), et que la marge qui sépare les clubs français de ceux qui sont devant semble très d ifficile à combler. Cette Coupe d’Europe était le premier rendez-vous international du baseball français cette saison, avant un été qui verra les U12, les U15, les U23 et, surtout, l’équipe nationale (sans oublier la sélection féminine) se confronter au gratin européen. Ce qui s’est passé cette semaine à Rouen n’augure rien d’exceptionnel. On fera les comptes en septembre, mais il serait très surprenant qu’un bilan triomphant puisse être dressé par les responsables du baseball français, sauf si celui-ci peut revenir plus fort.

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Mais bon, Montpellier est allé en finale, remplissant une partie du contrat, et pourra certainement capitaliser sur l’expérience et sur les bons résultats pour finir sa saison en boulet de canon. Il assez probable qu’on retrouve face à face rouennais et montpelliérains pour la finale, ce qui promet quelques beaux moments de suspens et de baseball.

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Un mot sur les rouennais, qui ont démontré une nouvelle fois qu’ils savent organiser une compétition, mais la fatigue qui se lisait sur le visage des nombreux bénévoles mobilisés pour l’occasion ne tenait pas uniquement aux longues journées dans la fraicheur et sous la pluie. La déception d’une élimination en demi-finale était palpable, avec le sentiment que Rouen ne parvient pas à se sublimer dans les moments cruciaux. La 3è place a permis de fini la compétition sur une note positive, mais tout le monde sait bien que ce n’est qu’une médaille en chocolat.

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C’est dans la tête que se déroulera la suite des évènements pour les Huskies. Ils devront se montrer capables d’oublier leurs échecs et de se concentrer sur l’objectif ultime, celui qui compte vraiment, le titre de champion. Ce sprint va s’accomplir avec deux nouvelles recrues, un lanceur et un arrêt-court, dont on verra s’ils peuvent changer la dynamique. Mais dès ce week-end, la routine du championnat reprend, Rouen reçoit des Templiers qui sembleraient être privés de certains de leurs joueurs pour des raisons disciplinaires, mais on n’en sait pas plus, et Montpellier aura de nouveau un long déplacement, face à des messins qui jouent leur survie à chaque match. C’est un peu moins excitant que des matches contre Deurne, Hoboken ou Tenerife, mais il faut passer par là pour retrouver le doux frisson de l’Europe.

François Colombier

Crédit Photos WBSC Europe

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