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Melissa Mayeux frappe encore : New York la draft, l’Histoire continue

Depuis 2010, une rumeur courait sur les terrains de France.
Une rumeur qui courait aussi vite qu’elle frappait : celle d’une gamine qui jouait “aussi fort qu’un garçon”.
Sur les pelouses poussiéreuses et les diamants encore confidentiels, un nom circulait, porté par une silhouette reconnaissable entre mille : un casque d’où s’échappaient de longs cheveux blond soleil, un swing vif comme un coup de tonnerre. Melissa Mayeux n’était encore qu’une adolescente, mais déjà, elle faisait vibrer tout le baseball français.
Puis, en 2015, le séisme.
Un vrai tsunami médiatique.
Son nom apparaît dans la liste des 500 prospects susceptibles d’intégrer un jour la MLB.
La MLB ! Le temple. Le rêve américain.
Et ce jour-là, Melissa Mayeux devient la première femme de l’Histoire à y figurer.
Une révolution.
Une déflagration.

Aujourd’hui, le rêve continue.
Et il prend la forme d’une nouvelle ligne dans l’Histoire du sport féminin : la draft de la Women’s Professional Baseball League (WPBL), qui devrait débuter à Springfield dans l’Illinois.
Cette fois, c’est du baseball féminin, du vrai, du pro, du sérieux. Les États-Unis retentent l’aventure – une compétition professionnelle pour les femmes. Quatre tentatives en un siècle ; la plus longue n’a tenu que onze ans. La WPBL, cinquième du nom, veut enfin inscrire cette ambition dans la durée.
Et Melissa Mayeux, 27 ans, sera de cette épopée.
Elle portera les couleurs de l’équipe de New York.

La Française n’arrive pas là par hasard.
En dix ans, elle a accumulé les exploits comme d’autres alignent les home runs : titres en softball dans la Sun Belt, MVP, magnifique parcours NCAA en Louisiane en 2019, leadership en or avec l’équipe de France de baseball féminin, qu’elle hisse à la première place européenne la même année. Au milieu de tout cela le professionnalisme comme le contrat avec les Vipers, la confirmation que Melissa n’est pas seulement un phénomène — elle est une pionnière.

Baseball TV France est allé rencontrer cette guerrière, cette joueuse de diamant qui glisse du softball au baseball avec la même rage élégante.
Une athlète qui n’a jamais cessé de tracer sa propre ligne de base.
Et qui, aujourd’hui, s’apprête à écrire l’un des chapitres les plus attendus du sport féminin mondial.

BTVF : Peux-tu nous raconter comment l’aventure de cette Draft a commencé et les espoirs qui t’habitaient au début ?

J’avais entendu parler de la création de cette ligue professionnelle dès l’année dernière. Par curiosité plus que par véritable objectif, je m’étais inscrite pour les try-outs. À l’origine, ils devaient avoir lieu en novembre cette année, mais ils ont finalement été avancés en août. À ce moment-là, j’étais avec l’équipe de France aux Championnats d’Europe, donc impossible d’y participer physiquement.
On a donc envoyé une vidéo, sans trop d’attentes non plus. Ça faisait longtemps que je n’avais pas de statistiques récentes en baseball, puisque je n’y jouais plus en compétition. L’idée était vraiment de tenter, de voir si ça pouvait passer, sans me faire de faux espoirs.
Bien sûr, j’y croyais un peu, parce que depuis que j’ai mis le pied dans le baseball, ce sport ne m’a jamais quittée. Le baseball, ça a toujours été mon premier sport, mon premier amour sportif. Alors oui, j’espérais, mais de façon raisonnable.

BTVF : Peux-tu nous expliquer ce futur championnat sa création et son fonctionnement et comment toi tu te positionnes au milieu de tout ça.

Pour le moment, on n’a pas encore beaucoup d’informations précises. Ce qu’on sait, c’est que la saison devrait durer environ sept semaines, avec deux matchs par semaine.
Initialement, le championnat devait débuter en mai. On nous a ensuite indiqué que le lancement pourrait finalement avoir lieu en août.
Après, tout ça peut encore évoluer d’ici le début officiel, donc on reste en attente des confirmations définitives.

BTVF : Depuis 2015 où ton nom est apparu sur une liste américaine : 10 ans de Baseball et de Softball et maintenant de Baseball à Nouveau. Que retiens tu de ce parcours ?

La chance. Oui, je me sens chanceuse, vraiment. Depuis le début, j’ai un parcours que je n’aurais jamais pu imaginer. Si on m’avait dit, il y a dix ans, que j’en serais là aujourd’hui, je ne l’aurais pas cru. J’avance, et je ne sais toujours pas ce que la suite me réservera, mais je me sens reconnaissante d’avoir eu toutes ces opportunités : d’abord grâce au baseball, puis grâce au softball, qui m’a énormément apporté ces dix dernières années.
Je me sens chanceuse, oui, mais je sais aussi que je me donne les moyens. Je fais beaucoup de sacrifices pour avancer le plus loin possible. Et dans le sport, ce qui est beau, c’est que ces sacrifices finissent toujours par payer.

BTVF : Ta carrière a de quoi impressionner les jeunes joueuses françaises. Quels conseils leur donnerais tu pour mieux appréhender le développement du baseball ou du softball féminin ?

Par rapport aux plus jeunes, moi je leur dirai toujours la même chose : depuis que je suis petite, j’ai toujours pensé qu’il fallait tout donner, tout le temps, parce qu’on ne sait jamais vraiment ce qui peut arriver.
La ligue professionnelle, par exemple, c’est un peu sorti de nulle part. Je pensais que pour moi, le baseball, c’était fini, que je n’aurais plus vraiment l’occasion de rejouer. Et finalement… ça revient. Comme quoi, on ne sait jamais.
Donc oui : donnez tout, à chaque moment.
Écoutez les avis et les conseils, bien sûr, mais au final, c’est quelque chose de personnel. Si vous sentez qu’il y a quelque chose à tenter, quelque chose qui vous appelle, alors donnez-vous les moyens et allez-y à fond.
Si ça marche, tant mieux.
Si ça ne marche pas, ça ouvre souvent d’autres portes, différentes, mais tout aussi importantes.
Alors vraiment : ne lâchez pas et allez-y à fond.

BTVF : Que pouvons-nous te souhaiter ?

Pour la suite, honnêtement… je ne sais pas vraiment. L’objectif, c’est juste que tout continue à bien se passer, que je puisse jouer le plus longtemps possible, et que le projet arrive à son terme.
J’ai toujours eu une idée un peu claire de ce que je voulais faire sur le long terme, d’où je voulais aller. Mais dernièrement, tout a été chamboulé, donc maintenant je fonctionne plutôt au jour le jour.
Ce que je sais, c’est que je vais me donner à fond jusqu’au bout. Peu importe les opportunités, que ce soit en baseball ou en softball, les deux me vont. L’essentiel, c’est de continuer à jouer et d’aller le plus loin possible.

Credits photographiques : Rs et C.M.

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